Pierre Maurel poursuit la chronique de la France contemporaine, à travers le personnage de Michel, reporter radio indépendant et sans le sou, qui a enfin trouvé l’âme soeur. Et qui essaie ici de comprendre et documenter les mouvement sociaux et les manifestations, le virage radical et violent de certains, la réponse brutale des forces de l’ordre en face… Et toujours le monde du travail au sein duquel la solidarité de classe se fait de plus en plus rare, et où la surconsommation de masse ramollit les cerveaux en même temps qu’elle tue la planète. Quelle voie va choisir Michel dans ce tourbillon de pensées négatives ?

Après un volume axé sur les relations aux générations précédentes (l’engagement politique des années 70-80, la perte d’autonomie des seniors…), Pierre Maurel se recentre sur Michel et son cercle proche, croquant les manifestations qui finissent toujours dans un nuage de lacrymo et l’implication de militants cherchant à exprimer une vision différente de la société. Et dépeignant avec un humour cinglant la grande distribution et ses pratiques. Au fil de courts et denses chapitres (le trait est léger mais les cases sont petites et nombreuses), souvent très drôles, l’auteur développe une réflexion intime et politique à la fois accessible, sensible et pertinente. Sans jamais être pontifiant ni définitif dans ses conclusions : Pierre et son alter ego Michel sont les observateurs aiguisés de notre monde qui fonctionne à l’envers, et ils réussissent à diffuser suffisamment de malice pour qu’on ne cède pas au désespoir. Mais jusqu’à quand ?