Aldo et Babette sont deux enfants de notre temps. Papa est dessinateur (quand il ne dort pas !), maman est anthropologue. Ils vivent tous les quatre dans une maison tout près d’une forêt. Enfin, ça c’est quand maman n’est pas à l’autre bout du monde pour son travail ! Un jour, Aldo et sa petite sœur font une rencontre fortuite avec LUCA (le dernier ancêtre commun du monde animal) et deviennent capables de se métamorphoser en n’importe lequel de leurs ancêtres animaux. Ils peuvent donc courir comme un guépard, avoir la vue perçante d’un aigle ou savoir aussi bien creuser qu’une taupe. Les voilà devenus Archéens !

Ce n’est un secret pour personne, Jérémie Moreau (Les Pizzlys, Max Winson…) est un auteur engagé et engageant. Attaché à la nature et ses albums ont une portée écologique évidente. Après un premier pas vers le jeune lectorat avec Alyte et ses albums jeunesse publiés au sein de sa propre collection Ronces aux éditions Albin Michel, il réalise sa toute première bande dessinée jeunesse : Super A.

Habitué des récits foisonnants et poétiques pour adultes, il opère ici une délicieuse mutation vers la jeunesse sans perdre sa finesse. Dans Super A, il emporte ses jeunes (et moins jeunes !) lectrices et lecteurs au beau milieu d’une aventure émerveillée, libre et chamboulante, avec un rythme enlevé et des thèmes qui lui sont chers : la nature, le rapport aux êtres vivants, la transmission.

Visuellement, les planches respirent l’énergie et l’épure qu’on avait déjà pu observer dans Alyte. L’auteur ne surcharge pas ses pages, qui se construisent avec de grandes cases dans une explosion de couleurs flashy qu’on lui connait. Chaque transformation devient un émerveillement, chaque scène un petit feu d’artifice. Avec cette BD, le monde redevient grand, magique, tout juste sorti du terreau de l’enfance.

Avec ses idées qui résonnent, son doux mélange d’aventure, ses pouvoirs merveilleux, mais aussi sa tendresse et sa réflexion, Super  A est une invitation à revoir notre rapport à la nature et à nous-mêmes. À se rendre compte de l’héritage que chacun porte en soi, mais aussi de la force de la nature. Le surnaturel est ici une clé vers la connaissance, un miroir fantastique pour grandir et comprendre que toute la chaîne du vivant est liée.

Enjoué, entraînant et aussi un peu didactique, cet ouvrage se termine sur 2 pages explicatives abordables pour les superhéros terrestres qui s’empareront de ce livre et deviendront, peut-être, à leur tour, des Supers A(rchéens) !