100 maisons, la cité des abeilles



Dans la Bretagne de l’après-guerre, la crise du logement pousse de nombreuses familles à vivre dans la promiscuité et l’insalubrité. Alors, à Quimper, en 1950, de jeunes travailleurs décident de s’associer pour construire, ensemble, leurs maisons. Une aventure de longue haleine dans laquelle nous emmènent, au fil des pages, deux couples et leurs enfants.
Parce qu’ils n’ont pas beaucoup plus que leur force de travail à offrir, ceux qu’on appelle les « castors » consacrent chaque moment que leur laisse leur patron au chantier, dimanches, congés et jours fériés inclus. La solidarité est l’élément-clé : pas question d’emménager tant que toutes les maisons ne sont pas terminées. Coups de fatigue et coups du sort jalonnent les pages de cette histoire, dont le résultat est toujours visible : il s’agit des cent maisons de la Cité des Abeilles à Quimper.
Après Plogoff, récit de la mobilisation victorieuse contre la centrale nucléaire bretonne, Alexis Horellou et Delphine Le Lay poursuivent leur exploration en BD de l’histoire sociale et solidaire de la Bretagne. Ils ont été rejoints ici par Marion Boé, née à Quimper et auteure en 2008 d’un documentaire sur la cité, où ont vécu ses grands-parents.
Soigné et didactique, le récit se heurte cependant aux mêmes faiblesses que Plogoff, qui peinait à s’incarner dans des personnages sans ampleur. Plus travaillés, les quatre personnages principaux de 100 maisons n’ont pas l’étoffe nécessaire pour plonger le lecteur dans leur quotidien. Ils pâtissent d’une histoire souvent univoque, servie par des dialogues gentillets, tandis que le dessin d’Alexis Horellou manque parfois d’expressivité dans les visages. Cependant, la coloration en aplats de gris – réalisée par Bertrand Poulain – est ici plus contrastée et apporte de la profondeur, avec des scènes de nuit particulièrement réussies.
Dans une démarche un peu similaire à celle d’Un homme est mort (de Kris et Etienne Davodeau qui, eux aussi, se sont penchés sur le combat ouvrier dans la Bretagne des années 1950), 100 maisons a le mérite de mettre en lumière un épisode de mobilisation populaire longtemps ignoré. Issu de recherches poussées et d’une volonté louable de déterrer ce patrimoine social, l’album se lit avant tout dans une perspective documentaire.
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