Dans la forêt des Lilas
Faith, qui aime qu’on l’appelle Comtesse, est une jeune fille rêveuse, qui se plaît à vivre dans le vieux cottage familial, même si ses parents ne sont plus. Or, sa soeur Verity, qui vit à la ville, souhaite se séparer de l’encombrante bâtisse. Comtesse se réfugie alors dans l’univers fantasmagorique qu’elle s’est construite, et ce alors qu’une maladie pulmonaire la ronge…
Entre Alice au pays des merveilles, Peter Pan et L’Histoire sans fin, ce conte sur la fin de l’enfance et de l’innocence se fait tour à tour lumineux et tragique. Car c’est une course contre la montre, contre la mort inéluctable qui se joue, avec pour seule échappatoire l’imaginaire et les rêves. Comtesse sauvera-t-elle ses « luciolétoiles » et son beau prince Minon? Ou se laissera-t-elle submerger par ces étranges fleurs sanglantes qui poussent quand elle a peur? Et parviendra-t-elle à se réconcilier avec sa soeur, aînée très terre à terre, qui a cherché la liberté dans le respect des conventions? Nathalie Ferlut (Elisa, Andersen, Eve sur la balançoire…) propose ici une nouvelle histoire d’émancipation féminine, sous le prisme cette fois des songes et de l’imaginaire. Et c’est une bonne idée, car son récit poignant – parfois presque tire-larmes – prend une autre dimension quand il marche sur le fil entre réalité et fiction. Le monde de Comtesse oscille entre les deux, et elle découvre que ce n’est pas si facile de se laisser happer par les rêves pour se protéger des difficultés de la vraie vie. Pour donner corps à cette fable, Tamia Baudouin, qui avait collaboré avec Nathalie Ferlut sur Artemisia, déploie un trait d’une belle fluidité, dans une ambiance Art nouveau léchée. On se laisse envoûter par le parfum de cette forêt des Lilas, qui s’adresse aux lecteurs dès 11-12 ans, au moment où l’enfance commence à se laisser grignoter par le sombre monde des adultes. Un livre émouvant et élégant.
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