Dynamique et parfois même trop enthousiaste, Mizutani dénote clairement dans la communauté collégienne. Alors qu’elle vient de rentrer en première année, elle semble conserver une façon très enfantine d’aborder les études et les relations avec ses camarades, qui veulent tous adopter la posture des « grands ». L’exubérante gamine aime sauter partout, jouer au baseball, crier, et forcément, même si elle se rend compte de son immaturité, elle ne veut pas rentrer pas dans le moule. Elle finit par se rapprocher de Tsukino, un gamin transparent et taciturne, qui se fait harceler par une petite bande du collège. Ensemble, ils vont se retrouver les lundis soirs pour laisser libre cours à leur imaginaire et, même sans le dire ainsi, se serrer les coudes.

Dans ce manga en deux tomes, Tomomi Abe aborde ce délicat moment de la préadolescence avec une grande intelligence. Un peu à la manière de Nora Dåsnes dans L’Année où je suis devenue ado, il pointe le bonheur de profiter de l’enfance et de ses jeux sans limite, et la tentation de goûter aussi au monde des grands, si tentant mais si inquiétant. Il n’élude pas les instants durs de cet âge, surtout quand on est un peu différent, ni le poids de la société japonaise dans ses traditions, son injonction de réussite, son obsession sur l’image donnée aux autres. Mais avec son trait anguleux mais jamais raide, il compose des petites bulles de joie simple et met en exergue l’importance de l’amitié pour des préados en quête de soutien. Le résultat n’est jamais niais, mais souvent surprenant et surtout très attachant. Une belle découverte.

GETSUYOBI NO TOMODACHI © 2017 Tomomi ABE / SHOGAKUKAN