Charlotte Mevel fait partie de celles dont la chevelure vermeille suscite parfois le débat et trop souvent les insultes. En effet, sa rousseur lui a causé bien des soucis et la naissance de son fils vient chambouler sa vision des remarques déplacées qu’elle a subies auparavant. Elle décide donc de retranscrire sur papier son voyage introspectif en usant d’anecdotes personnelles, de faits historiques et de vérités scientifiques. Et si au fond, la rousseur n’était qu’une question de point de vue ?

Avec ses traits simples et épurés, l’autrice reprend des thèses et des ouvrages plus ou moins récents, afin de mettre en exergue les ambiguïtés liées à notre perception des personnes rousses. Entachée par les superstitions, la rousseur est à la fois stigmatisée comme hypersexualisée et vénérée. Pour montrer les différentes facettes de la rousseur, l’autrice utilise un camaïeu de rouge orangé, qu’elle contraste en le parsemant au sein de cases grises et blanches. La rousseur est sublimée, en étant mise en avant dans des doubles pages chatoyantes. Par ses notes sarcastiques, l’autrice plonge directement le lecteur dans le quotidien d’une personne rousse et pointe du doigt les discriminations et les exactions subies.

Remonter aux sources pour mieux déconstruire les préjugés, tel est le leitmotiv de cet ouvrage : et cela fonctionne ! Première bande dessinée de son autrice, La Rousseur pointée du doigt est une vraie réussite autant dans le fond que dans la forme, offrant une lecture fluide et accessible à tous. Inspirante et révoltante, cette bande dessinée haute en couleur est un hymne à la diversité des corps !