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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | November 17, 2025















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La Tête sur mes épaules

3 novembre 2025 |
SERIE
La Tête sur mes épaules
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
24 €
DATE DE SORTIE
12/09/2025
EAN
2889231569
Achat :

Il y a ceux qui perdent la tête et ceux qui la balancent à dessein dans le tas. Et puis, il y a ceux qui le font dans les proportions ignobles de cette grosse tête qui envahit la première BD de Bénédicte Muller. Car lui vient la faire se percuter dans les corps et les esprits de sa famille qu’il broie sans vergogne. L’autrice lyonnaise, illustratrice par ailleurs, délivre une œuvre angoissante, étouffante, dont l’esthétique timide cache mal la puissance de feu qui l’anime : témoigner de l’inceste.LaTêteSurMesEpaules_image2

Tout commence par une gentille partie de bowling, où chacun des enfants lance sa tête dans les quilles. Car voilà la capacité pas commune de cette grande famille vivant sous un même toit : ils peuvent détacher la tête de leurs épaules. La détacher pour faire les fous, s’amuser et ne plus penser. L’autre caractéristique, c’est que les enfants sont comme séparés des adultes. Tout juste les parents, oncles, tantes et grand-mère s’abaissent-ils à leur crier dessus de temps à autre. Il en est un, d’adulte, avec sa grosse tête là, qui semble un peu plus amical. Il a bien ses sautes d’humeur, mais au moins, il parle et rigole avec les enfants. Sauf qu’un soir, il décide de ne plus s’en aller du lit de Martha, la protagoniste principale. La voilà écrabouillée sous le poids de cette tête et contrainte au silence.

La Tête sur mes épaules est un choc. Une claque d’autant plus grande que l’autrice choisit le chemin de la poésie subtile pour évoquer ce que des mots (ou des dessins) frontaux n’auraient jamais pu dire aussi puissamment. La métaphore y est ainsi maîtresse, que ce soit dans le principe même des têtes baladeuses ou dans les pièces étranges de cette maison qui cachent bien des secrets. Le trait fin et les couleurs douces contrecarrent eux l’explosion d’émotions qui viendra nous prendre au mitan du livre. Mais ces choix disent aussi quelque chose de l’impossibilité de parler, de s’exprimer pleinement dans cette famille. Ainsi, le blanc imposant ne suggère pas l’aération mais le vide, le manque de respiration, l’envahissement du non-dit. Mené avec une intelligence rare, ce récit dit avec une grâce glaçante toute l’horreur si particulière de l’inceste. Un mot jamais prononcé mais qui est comme hurlé dans notre tête. Celle-ci, alors, se met à vaciller de chagrin.

 

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