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L’Amérique ou Le Disparu

8 novembre 2013 |
SERIE
L'Amérique ou Le Disparu
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
23.70 €
DATE DE SORTIE
20/06/2013
EAN
2923841352
Achat :

Mieux vaut être prévenu : voilà un album peu aisé d’accès, à côté duquel il serait facile de passer. Adapter le premier livre — incomplet — de Franz Kafka est un défi que s’est lancé il y a sept ans le dessinateur Réal Godbout, créateur (avec Pierre Fournier) du célèbre Red Ketchup. L’Amérique ou Le Disparu est un roman d’initiation perverti : Karl Rossman, un jeune Praguois, est envoyé en Amérique après avoir engrossé la bonne à son corps défendant, et se retrouve dans un monde dont il ne saisit pas les codes. Droit et naïf, il est perpétuellement persécuté par le destin et ses pairs dans un monde immoral, où rien ne fait sens.

AMERIQUE_29 caseAvouons-le, la première lecture est inconfortable, une sensation de malaise se dégage : des détails surréalistes se glissent dans les cases (un des personnages se retrouve transformé en chien), les lieux sont labyrinthiques et tout n’est que décors et chausse–trappes où se perd le héros. Sur le blog tenu durant les trois dernières années de réalisation de l’album, Réal Godbout dit trouver lui-même la nouvelle de Kafka déroutante, nécessitant un gros travail d’adaptation. À cause du caractère parcellaire du récit, et parce que l’humour particulier du romancier n’est pas forcément visuel. Ce blog fonctionne justement comme une clef pour le lecteur : il faut absolument le consulter après une première lecture de l’ouvrage. Se déploie alors un immense cours de bande dessinée où l’artiste évoque ses interrogations sur le fond et la forme. Mille et une références se révèlent : celles de Kafka — pessimisme, absence de sens de l’existence, dédale bureaucratique —, celles de Réal Godbout — son obsession pour Tintin, son admiration pour Crumb. Et c’est tout l’album qui gagne du relief et de la profondeur.

Au premier abord un peu froid, le travail de l’auteur se révèle donc passionnant et exigeant, impossible à épuiser en une lecture. Servi par un dessin élégant — ponctué par certaines outrances réjouissantes —, un bel encrage, des décors précis. Le Québécois y ajoute l’adaptation d’une courte nouvelle de Kafka, Le Nouvel Avocat, dans laquelle Bucéphale (oui, le cheval d’Alexandre le Grand !) est devenu avocat : l’occasion pour lui d’utiliser la grammaire de l’art hellénistique. Bref, si vous avez toujours voulu savoir ce qui se cache dans la tête d’un auteur en plein ouvrage, cette double lecture en vaut la peine, tant le talent et la pédagogie de Réal Godbout sont éclairants. Offrant ainsi une belle leçon de bande dessinée.

planche L'Amérique

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