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Les Filles de Salem

5 octobre 2018 |
SERIE
Les Filles de Salem
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
22 €
DATE DE SORTIE
21/09/2018
EAN
2205077023
Achat :

Rien n’est a priori plus tranquille qu’un petit village de la campagne américaine au XVIIe siècle. Les hommes vont aux champs, les femmes s’occupent de la maison. Les Indiens se tiennent à l’écart. Bien sûr, parfois, les hommes boivent un peu trop et ne prient pas assez – au goût du pasteur local, du moins. Et puis, certaines jeunes femmes rêvent d’émancipation, au moins durant les quelques temps que dure leur adolescence, alors qu’elles ne sont plus des petites filles mais pas encore des femmes mariées. Les insolentes ! Les tentatrices ! Les pécheresses ! Une ou deux calamités plus tard, et c’est scellé : ce sont des sorcières et il faut s’en débarrasser.

les_filles_de_salem_image&Thomas Gilbert avait déjà disséqué les délires religieux d’une certaine frange de l’Amérique rurale dans l’excellent Oklahoma Boy. Pas étonnant dès lors qu’il poursuive dans le même registre en s’inspirant du fameux fait divers des sorcières de Salem: un procès hors normes qui se conclut par l’exécution de 25 personnes accusées de sorcellerie, et l’emprisonnement de nombreuses autres. Ici, Thomas Gilbert pointe en priorité le puritanisme et l’écrasement social des femmes, condamnées par le patriarcat ET par l’acceptation par les épouses des traditions : la séquence liminaire du rite « initiatique » mené par la communauté des femmes du village sur la jeune Abigail – coupable d’avoir parlé à un garçon de son âge, et surtout de quitter l’enfance –  est terrifiante. La suite ne l’est pas moins. Car l’auteur brosse à merveille, d’un trait à la fois anguleux et mouvant, à la fragilité toute maîtrisée, la paranoïa qui gagne une communauté, seul remède contre une névrose galopante, née de l’ennui et des superstitions. Ses planches sont puissantes – comme un bon comics indé – et sensitives – comme les meilleures BD européennes contemporaines – et elles donnent à cette histoire déjà sordide des accents psychotiques impressionnants. On en reste bouche bée, les tripes tordues et les larmes aux yeux. Peut-être est-ce là le seul tout petit défaut de ce long album (200 pages) : en faire parfois un peu trop dans la recherche de l’émotion forte. Mais on le pardonnera aisément, car ce n’est pas si souvent que l’on vibre autant en lisant une bande dessinée.

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