« S’il on tolère l’impudence des chiens, on est bien moins clément avec celle des humains… » C’est ce que lance un membré marquis à une jeune épouse qui se plaint que son comte de mari, qui a « toujours préféré le fumet de la bataille et des charniers… à celui du fessier », ne l’ait point encore enfantée ni même cajolée. Alors, la dame a demandé l’épreuve du « Congrès », des ébats publics pendant lesquels le défaillant mâle devra démontrer sa vigueur au risque de voir son mariage annulé. Le marquis, très au fait des choses de la vie et du lit, va aider son impuissant ami à retrouver de l’envie, en cherchant le fantasme qui le ferait se relever. Pas si simple…

En s’inspirant d’une véritable pratique judiciaire du Siècle des Lumières, par laquelle l’épouse pouvait dénoncer publiquement l’impuissance de son mari afin de rompre les noces, Aurélien Ducoudray (L’Anniversaire de Kim Jong-il, L’Ours de Ceaucescu, Va-t’en guerre!…) s’offre un petit plaisir de scénariste : une comédie coquine écrite tout en vers et en rimes. L’occasion de faire un tour dans les pratiques sexuelles et les fantasmes de la noblesse d’alors, à travers une visite au bordel ou dans une forêt où toutes les lubies sont permises, par la rencontre de médecins prétentieux ou de chansonniers moqueurs. C’est drôle et plaisant, bien qu’un peu anecdotique, mais cette « tragicomédie en quatre actes » offre à Nicolas Dumontheuil (L’Ogre amoureux, La Longue Marche des éléphants, La Forêt des renards pendus…) un décor et des figures à sa mesure, son trait chaleureux accompagnant bien les facéties érotiques de l’histoire. Une histoire dont le thème est résumé ainsi : « Le lit conjugal sera sans coup férir le champ de bataille du siècle à venir. » Tout un programme…