Oscar-Claude Monet passait ses heures à dessiner au lieu de tenir les comptes de la boutique de son père. Puis il apprend à peindre dans la nature auprès de Boudin. Il sent qu’il a quelque chose à dire avec une toile et des pinceaux, il sent qu’il possède un talent qui ne demande qu’à éclore, alors il va tenter sa chance. Mais le chemin sera semé d’embûches pour celui qui deviendra le chef de file des Impressionnistes, car contrairement à nombre d’entre eux, il n’avait pas d’argent personnel pour attendre que le public soit prêt pour son art révolutionnaire.

Après Gauguin ou Thoreau, la collection Contre/Champ du Lombard s’enrichit d’une nouvelle biographie d’un homme à la trajectoire non rectiligne et qui changea quelque chose dans son domaine. Mais cette fois, ce n’est pas Maximilien Le Roy qui est aux commandes, et le résultat est plus classique, certes, mais aussi plus efficace. L’Espagnol Salva Rubio commence par montrer Monet au crépuscule de sa vie, tout juste opéré des yeux, et qui se remémore sa longue carrière. Cet artifice liminaire n’a aucun intérêt, mais la suite est bien plus plaisante. Monet déroule sa jeunesse, ses choix, ses errances, ses coups de gueule, ses inspirations géniales et sa mauvaise gestion de l’argent, dans une voix off bien tournée, peut-être un peu monotone, mais jamais lourde. Mais le plus réussi dans cet album est bien le dessin d’Efa (Kia Ora, Yerzhan, Alter Ego, Le Soldat) : le trait est sobre, réaliste mais pas trop, tout en sensibilité et énergie maîtrisée, magnifiée par une gamme de couleurs riche, qui évoque la peinture de Monet sans chercher à la singer. Voilà donc une biographie sans surprise, mais tout à fait lumineuse.