Chaque nouveauté du magazine Shonen Jump est un enjeu. Les éditeurs et les lecteurs le savent, et publier une nouvelle série du saint des saints n’est jamais anodin. La recette on la connait, enfin, les recettes… car si on limite encore trop souvent les titres du catalogue au nekketsu (ces héros qui suivent une quête initiatique), il existe notamment des mangas humoristes, des romances et des tranches de vie en son sein. Et Ruridragon fait partie de la dernière catégorie.

Autre chose que les lecteurs savent, peut-être sans jamais oser se le dire : on sait presque toujours reconnaître en quelques pages les séries du Shonen Jump. Par leurs histoires, leurs mises en pages, par leurs enjeux… et le plus dur est de rentrer dans le moule, d’y trouver sa place et sa spécificité, sans pour autant le casser. Et pour ça, on peut dire que Masaoki Shindo s’en sort particulièrement bien avec ces deux premiers tomes de Ruridragon !

Le pitch de départ est pourtant très simple : Ruri Aoki, une lycéenne tout ce qu’il y a de plus ordinaire, se réveille un matin avec des cornes sur la tête… des cornes qui se révèlent être un héritage de son père, dont elle apprend le même matin que c’est un dragon ! Partant de ce postulat de départ pour le moins incongru, le mangaka tisse un récit intime et scolaire à quelques pas des attentes et avec un charme prégnant.

Et il faut dire que tout ça fonctionne à merveille ! On se laisse prendre au jeu grâce à la narration parfaitement fluide, mais aussi son dessin délicat et séduisant, ses situations cocasses et son sens de l’humour décalé et pince-sans-rire. C’est simple, léger, frais, agréable, bienveillant et attachant… Rien de révolutionnaire, mais voilà Ruridragon bien parti pour être une de ces lectures sans prétention qui font du bien.

RURIDRAGON © 2022 by MASAOKI SHINDO / SHUEISHA Inc. – Traduction : Thibaud Desbief