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Sophie Ansel : « Les réfugiés birmans passent d’un enfer à l’autre »

9 juillet 2012 |

lunes_introSophie Ansel a vécu des années en Asie. Dans Lunes Birmanes, cette journaliste et scénariste de 36 ans raconte l’histoire de Thazama, évadé des prisons birmanes et exilé vers la Thaïlande puis la Malaisie. Un récit poignant dans lequel réalité et fiction s’entremêlent. Pour BoDoï, elle revient sur les rencontres qui l’ont menée sur la piste des réfugiés, et sur sa vision de la Birmanie, toujours appelée Myanmar.

lunes_travailComment vous êtes-vous intéressée aux réfugiés birmans ?
C’est le hasard du voyage qui m’y a conduite. J’ai arrêté mon travail dans le marketing en 2005. J’habitais alors en Asie depuis quatre ou cinq ans, puis suis partie en Birmanie sans idée préconçue, simplement pour découvrir le pays. Dans l’État Kachin (au nord du pays), j’ai rencontré une famille de Birmans qui m’ont parlé de leur fille, partie vers la Malaisie, et dont ils étaient sans nouvelle depuis quelques semaines. Comme je me sentais proche d’eux et que je devais retourner en Malaisie pour renouveler mon visa, je leur ai proposé de me renseigner sur place. Ce fut une révélation : la Malaisie me semblait très différente sous ce nouveau jour. J’y ai rencontré des réfugiés birmans qui passaient d’un enfer à l’autre. Enfin, je me suis rendue à la frontière malaisienne-thaï où se déroulaient des trafics d’êtres humains. Les témoignages se sont accumulés et j’ai eu envie de raconter cette histoire.

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lunes_prisonVotre héros principal Thazama existe-t-il ? L’avez-vous rencontré ?
Thazama est une somme de différentes personnes qui m’ont marquée, notamment Habib qui a pris le bateau pour aller en Australie, ou Moonpi qui a passé du temps dans les centres de rétention en Malaisie. Il y a beaucoup de Thazama dans les gens que j’ai rencontrés, à la fois héros et victimes. Un couple m’a particulièrement bouleversée : ils ont vécu une histoire terrible en se retrouvant séparés, au sein d’un même centre de rétention.

Comment avez-vous travaillé avec le dessinateur Sam Garcia pour lui transmettre vos impressions de Birmanie ?
J’avais beaucoup de photos et de vidéos à lui montrer. Parallèlement, nous avons fait des recherches sur les paysages que je souhaitais qu’il retranscrive. Sam était très attentif aux détails et passionné. Certains éléments nous ont servi de guide dans la narration, la force du tigre, par exemple, ce tatouage que porte Thazama. Dans les mails que nous échangions, nous essayions toujours de parler des émotions que nous inspiraient les personnages.

Après un livre puis un film, pourquoi avoir choisi la bande dessinée pour livrer votre témoignage ?
Il était essentiel pour moi d’avoir une espèce de « caméra » pour montrer ce qui se passait dans des zones d’ombres telles que les villes frontalières, où personne n’aurait pu filmer. La bande dessinée, par le coup de crayon de Sam Garcia, m’a permis de poser une caméra invisible dans ces endroits inatteignables, et de transcrire des événements du passé – les manifestations de 1988 par exemple, à la suite desquelles Aung San Suu Kyi fut arrêtée – avec la force du présent.

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Quel regard portez-vous sur l’actualité, qui a vu le régime militaire birman se convertir en régime civil et l’opposante Aung San Suu Kyi entrer au Parlement ?
lunes_couvAung San Suu Kyi est un symbole d’espoir et de force pour beaucoup de fugitifs. Cette femme a fait le choix de ne pas fuir à l’étranger, mais de rester auprès des siens. Son voyage en Europe porte au monde le message d’un long combat pour la liberté mené dans la non-violence. Quant au gouvernement, il a sans doute été effrayé par le Printemps arabe, et a saisi le moment opportun pour devenir un gouvernement civil. Il faut néanmoins rester très vigilant : la Birmanie est composée de nombreuses ethnies, il faut veiller à ce que chacune d’entre elles soit respectée, que leurs différences religieuses ou linguistiques ne soient pas oubliées dans le processus de démocratisation.

Quels sont vos prochains projets ?
J’écris actuellement un livre sur une ethnie birmane très opprimée, l’ethnie Rohingya. J’aimerais aussi réfléchir à un nouveau projet pour la bande dessinée, qui m’a permis une grande liberté d’expression.

Propos recueillis par Céline Bagault

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Lunes birmanes
Par Sam Garcia et Sophie Ansel.
Delcourt, 22,95 €, le 6 juin 2012.

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Images © S.Ansel/S.Garcia/Guy Delcourt productions – Photo © Etienne Ruggeri

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