Dans la grande forêt de Gouès, la connaissance de la magie ne se transmet qu’entre femmes. Basile, élevé comme une fille, rêve d’utiliser ses pouvoirs pour incarner sa véritable identité masculine, tout en continuant à utiliser ces enchantements interdits aux hommes… Lorsqu’il parvient enfin à transitionner, le voilà poussé à l’exil. Direction : Eclepsis, une île-cité prospère où règne la caste des Occultistes, et où magiciens et magiciennes peuvent rejoindre la prestigieuse académie de magie quel que soit leur genre… et quelle que soit leur origine ? Le concours d’entrée approche, et Basile ne part pas avec les meilleures chances de son côté…

Premier tome d’une série de trois, cet album introduit un univers de magie et d’aventures riche et intriguant. Le récit, dont les prémices rappellent ceux du Garçon sorcière, débute de manière assez conventionnelle. Mais, dès lors que Basile part, son monde grandit et notre intérêt avec, alors que se profilent des problématiques de classe et de géopolitique passionnantes, trop souvent abordées avec légèreté dans ce genre de récit young adult.

Si les dialogues manquent parfois de profondeur, les personnages sont déjà attachants et bien définis, leurs relations également, et le tout apporte au récit une dimension supplémentaire. Le worldbuilding est plutôt malin, les grands enjeux de cette histoire – colonialisme et conflits territoriaux, inégalités sociales, conceptions de la magie… – étant distillés peu à peu. Le dessin reste assez classique, mais sert la narration avec précision. Aloïs, auteur venu de l’animation, apporte un soin particulier aux costumes et aux décors : la métropole d’Eclepsis nous apparaît bien vite aussi attirante qu’à Basile, et sa découverte de la ville donne lieu à certaines des planches les plus réussies de l’album. On notera enfin une pagination généreuse, qui laisse à l’auteur le temps de développer cette jolie ouverture, pour une série très prometteuse.