Judith démarre ses vacances avec une boule au ventre et un noeud dans la gorge: elle vient de perdre sa grand-mère, à qui elle était très attachée, et elle doit passer deux semaines en stage estival d’anglais. Pourtant, le cadre est joli et les activités nombreuses pour ces hordes d’ados en congés. Heureusement, sa meilleure copine, la délurée Virginie, est là. Voilà qui augure un peu de fun dans ce séjour ! Mais à 15 ans, c’est aussi le moment où certaines grandissent plus vite que d’autres, et préfèrent s’intégrer au groupe des populaires que de rester fidèles à une vieille amitié…

Pour son premier album, la Belge Pauline Spira compose une fiction adolescente tout en sensibilité, où les figures classiques du genre – les copines, les vacheries, les blagues, le harcèlement – sont associées à un sujet moins bateau, le deuil d’un grand-parent. Le tout dans un décorum idéal pour une fiction, une colonie de vacances un peu chic. Située au début des années 2000, sur une bande-son mêlant Destiny’s Child et Saez, et surtout avant les portables et réseaux sociaux, Entre elles (pas un très bon titre, mais qui a le mérite d’annoncer la couleur : point de place pour les garçons dans cet album) décrit avec sobriété et justesse ces déferlantes d’émotions incompréhensibles et souvent trop fortes qui envahissent les crânes et les corps des ados. Et qui engendrent à la fois des réactions ou gestes regrettables, et des avancées décisives vers l’âge adulte. Un peu comme chez Max de Radiguès, par exemple, avec une ligne claire cousine bien qu’un peu plus marquée jeunesse. Un album sincère, sans chichis et qui saura parler aux collégiens d’aujourd’hui.