Giant #1
À New York en 1932, les ouvriers font sortir de terre d’immenses tours appelées à dominer l’horizon. Les travailleurs viennent d’Europe, d’Irlande ou d’Italie. Payés une misère, ils subissent en outre des conditions de travail dangereuses. Sur le chantier du futur Rockefeller Center justement, Ryan Murphy décède, aussitôt remplacé par le bavard et jouisseur Dan Schackleton. Ce dernier est intrigué par un ouvrier pas comme les autres : Giant, un Irlandais taiseux et solitaire, bâti comme une armoire à glace. Giant décide d’envoyer de l’argent à la veuve de Ryan Murphy pour l’aider, tout en se faisant passer pour son mari. Début d’une relation épistolaire trouble, nimbée de bienveillance et de mensonge…
Le point de départ de Giant (prévu en diptyque) est cette fameuse photographie montrant onze ouvriers assis sur une poutre métallique, suspendus dans le vide au moment du déjeuner. De cette photo, on ne sait pas grand-chose. L’auteur Mikaël en profite pour imaginer le destin de plusieurs d’entre eux, des Irlandais, des Italiens. Des petites gens cabossées par la vie et écorchées par leurs conditions de travail, partis en Amérique pour fuir la misère et bâtir une vie digne d’être vécue. Pour autant, Mikaël évite tout misérabilisme ou désespoir narcissique pour lui préférer une vision optimiste, entre rêve et cauchemar américain. Giant, malgré son silence, se révèle charismatique tout en se déridant peu à peu au contact de Schackleton, bavard, un brin lourd mais attachant. Les personnages secondaires, archétypes nuancés – ouvriers moqueurs, journaliste radio critique, mafia vorace – complètent la toile de fond d’un récit d’ambiance rondement mené.
Car là où Mikael épate le plus, c’est dans la peinture d’un New York plongé dans la Grande Dépression mais riche de ses immigrés, poumon économique de Manhattan. On s’y croirait littéralement : la misère « heureuse » faite de solidarités côtoie l’effervescence urbaine, les taudis et la saleté persistent à l’ombre de la modernité. Un graphisme vertigineux aux teintes sépia qui donne vie au récit grâce aussi à un découpage narratif parfait et un rythme bien maîtrisé malgré, parfois, des textes longs ou répétitifs. Enfin, l’intrigue au mystère suffisamment épais donne envie de lire la suite. Qui est ce Giant ? Quelles sont ses intentions ? Suite et fin au prochain épisode.
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