Dans ce monde, depuis le Moyen-Âge, les animaux ont progressivement acquis un statut similaire aux humains. Même si les discriminations perdurent, et même au sein de ce nouveau règne animal, les carnivores se voyant supérieurs aux herbivores – qu’ils sont soupçonnés de vouloir croquer. Mais l’invention d’un tofu nouvelle génération, reproduisant à merveille le goût de toutes les viandes et tous les poissons, a permis d’instaurer une paix durable. C’est d’ailleurs dans le goût et la gastronomie que s’est spécialisé le journaliste Jack Wolfgang. Enfin, journaliste, c’est une couverture, car Jack est un agent de la CIA…

Stephen Desberg (IR$, Empire USA, Le Scorpion…) surprend avec ce scénario léger et dans l’air du temps, bien moins sérieux et guindé que ses projets habituels. On retrouve tout de même son sens du rythme, ses références américaines et son souci permanent d’efficacité, quitte à s’appuyer sur quelques lieux communs. Mais là, avec son univers original, on lui pardonne le recours aux poncifs du genre action-comédie, et on se laisse porter par ce feuilleton rocambolesque amusant, quelque part entre Mission: impossible et Cauchemar en cuisine. Le dessin d’Henri Reculé (Cassio), aux jolies ambiances, est lui aussi efficace et expressif à défaut d’être flamboyant comme peut l’être celui de Juanjo Guarnido sur Blacksad, série antrhopomorphique à laquelle on est contraint de penser. Ce premier tome est donc une sympathique surprise. Reste à savoir si la série a suffisamment de recettes en réserve pour continuer à nous ouvrir l’appétit.