La Petite fille oubliée
Aleona, 11 ans, est témoin malgré elle de la bascule mentale de sa mère. Pour se protéger et éviter le jugement des autres, elle garde tout pour elle et note ses pensées de son journal intime. Ce récit, à la croisée de la vulnérabilité et du silence, capte avec justesse la solitude enfantine face aux troubles psychologiques des adultes.
Cet album est une démonstration. Graphique, en premier lieu, avec en couverture le regard de cette petite fille qui semble en dire tant sur sa détresse. Puis vient le noir et blanc des pages intérieures, à la ligne très nette et au graphisme noir qui se laisse parfois traverser par la lumière. Avec son dessin à l’encre de Chine, à l’aquarelle et aux crayons de couleur, Souky donne une authenticité vibrante résonnant avec l’intensité émotionnelle de son récit.
Sur le plan narratif, c’est la lente descente aux enfers d’une mère qui sombre dans la folie, une plongée étouffante racontée à hauteur de l’enfant qu’est alors Aleona. Conçu toutefois pour un lectorat adulte au cœur bien accroché, l’album perd parfois son lecteur – comme ce fut certainement le cas de cette petite fille écrasée par un débordement qui la dépasse – dans une narration qui semble manquer de respiration, tant l’angoisse prend toute la place.
Ce roman graphique qui s’inspire de l’enfance de Souky a mis quasi deux ans et demi à voir le jour, mais bien plus à être pensé, construit et ressassé. On le comprend aisément. Et cela se ressent, car La Petite fille oubliée est une œuvre viscérale, douloureuse et profondément ancrée dans la noirceur de l’âme humaine.






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