Dans un village protégé par un immense barrage composé de branches entrelacées, Présentine est une femme solitaire, aussi réclamée que moquée. On apprécie ses conseils, ses connaissances, ses fines sculptures de bois dont elle orne l’édifice protecteur. Mais on fustige aussi son intransigeance, son dogmatisme, son manque d’empathie. Un jour, alors que son ancien amour est revenu au village après des années, désormais marié et père de famille, et qu’il l’a bousculée dans ses principes, Présentine commet le sacrilège de briser une branche du barrage. Elle pressent alors une catastrophe imminente dont elle serait la cause…

Pour sa première bande dessinée, Florent Desanthèmes propose une ambiance lumineuse et un trait chaleureux, au sein de séquences faisant la part belle aux sensations. Ses personnages expressifs et ses décors d’inspiration fantasy sont visuellement convaincants. Ce qui n’est pas le cas du scénario signé du musicien et cinéaste Harold Charre : trop allusive, manquant à la fois d’explications de la toile de fond et des enjeux, et surtout d’une intrigue mieux rythmée, son histoire déçoit. Bien sûr, on se rend vite compte qu’on est davantage dans l’étude de moeurs que dans un récit d’aventures, et qu’il sera surtout question ici de pardon, de résilience et de confiance dans l’intelligence collective. Mais les personnages secondaires sont trop rapidement esquissés, l’irruption de la magie semble bien factice, et la conclusion trop angélique. Un déséquilibre narratif qui rend l’ensemble finalement assez creux.