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LES SOUVENIRS DE PAUL GILLON 2/5

15 mai 2006 |

« JE RÉALISE L’AFFICHE DU PREMIER SPECTACLE

DU CHANTEUR CHARLES TRENET DANS PARIS LIBÉRÉ »

Paul Portrait GILLONGILLON : Peu après, j’ai réalisé mon rêve, placer quelques affiches. C’était très difficile. Et ça rapportait peu. Pourtant un jour, alors que je vendais une caricature d’Yves Montand au journal Ce Soir, son directeur des spectacles m’a emmené la présenter au chanteur. Montand l’a prise pour annoncer son premier passage en vedette au Théâtre de 1’Étoile. Trenet, lui, m’avait promis de rattraper le coup pour rien du vélo-taxi. II tint parole et je fis l’affiche de son premier spectacle après la Libération, au Théâtre de l’Étoile.
Qu’a changé la Libération de Paris pour vous ?
La floraison incroyable de nouveaux journaux m’a permis de travailler tout mon saoul. J’ai loué un meublé à l’année. J’étais enfin indépendant. Je faisais énormément de caricatures dans le monde de la politique du cinéma, du théâtre, du music-hall et même de la danse.
Des caricatures méchantes ?
Non, plus drôles que méchantes. Grâce à la carte de presse verte des pros du spectacle, j’entrais dans tous les théâtres, tous les music-halls de Paris. Ça marchait très bien. Les artistes me demandaient de quel côté je voulais qu’ils se tournent pour que je les croque ! Je leur disais que je désirais simplement discuter avec eux quelques minutes, sans sortir de crayon. Ensuite, je rentrais chez moi et dessinais de mémoire. Ça les surprenait toujours ! À mener cette vie, on se fait vite des relations. Je suis devenu copain avec le couple Gélin-Delorme, Henri Vidal, Michel Auclair, Robert Hossein, Roger Vadim etc. Le jour, je visitais les studios de cinéma de Paris, voyant le pire et le meilleur, observant le travail des metteurs en scène les plus prestigieux ou les plus ringards. Très instructif !


Et la BD ?
On y arrive. Car cette belle vie n’a duré que deux, trois ans, les journaux de la libération disparaissant les uns après les autres. En 1948, je commence à tirer sérieusement la langue. C’est alors qu’un copain me lance : « Pourquoi n’essaies-tu pas la bande dessinée ? » Je connaissais par cœur les journaux d’avant-guerre, les Robinson, Mickey, Junior, Aventure, Hop-là ! etc. Pour moi, c était le sommet de l’art. Alors, pourquoi pas ? J’ai réalisé une planche de démonstration, m’inspirant de l’œuvre de Milton Caniff dont je trouvais le dessin révolutionnaire. Puis j’ai passé au crible tous les journaux de l’époque. Vaillant m’a semblé de loin le meilleur, le plus ambitieux. J’y travaillerai… Roger Lecureux, Jean Olivier et les autres m’ont reçu très gentiment et ont passé mon « œuvre » à la loupe. Verdict : « Pas mal. Faut encore travailler. Revenez dans trois mois ».
C’était encourageant !
Et la fameuse impatience de la jeunesse ? Je n’avais pas trois mois à perdre ! Aussi sec, je suis allé frapper à la porte d’un autre canard. Là, on m’a dit : « D’accord. On te trouve un scénariste et tu commences à 3 000 F la page ». Tout heureux, je me suis précipité chez Vaillant annoncer la bonne nouvelle. J’entends encore leur réponse si douce à mes oreilles : « Refuse. On te prend à 5 000 tout de suite ». Prudents quand même, ils m’ont fait effectuer un bout d’essai dans un journal communiste, L’Avant-Garde . C’était une histoire de F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) luttant contre l’occupant allemand et écrite par Roger Lecureux. Au bout de six mois, je reprenais Lynx Blanc, puis Capitaine Cormoran, et je créais Fils de Chine*… Cette fois, c’était vraiment parti. Depuis, je n’ai jamais eu le temps de faire autre chose que de la B.D.

* Scénario également de Roger Lécureux. Réédité en septembre prochain dans la collection Patrimoine BD (Glénat).

(Images extraites de Capitaine Cormoran, scénario Jean Ollivier, réédité en 1983 dans Paul Gillon oeuvres complètes tome 1, Les Humanoïdes associés).

SUITE :« Il se passe quelque chose de formidable

dans l’équipe du journal Métal hurlant. Je veux en être ! »

Autres dossiers : 1/5, 3/5, 4/5, 5/5

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