Ninn #2
Ce sont des milliers et des milliers de papillons, de toutes les couleurs, qui remplissent les couloirs du métro de leur présence luminescente. Mais seule Ninn peut les voir. Enfin, seule Ninn et le vieux monsieur un peu fou qui les collectionne… Pas tant pour leur beauté que pour ce qu’ils représentent : les pensées oubliées des voyageurs, leurs idées furtives et les dernières images des rêves de la nuit passée, sitôt apparus, sitôt envolés. Avec leur pendant maléfique : les idées sombres.
Dans la premier tome de la série, La Ligne noire, on découvrait la pétillante fillette persuadée que le métro n’avait plus de secret pour elle. Logique : bébé, c’est là qu’elle a été trouvée abandonnée par deux agents du métro qui l’ont adoptée, ses « tontons ». Elle qui pensait connaître tous les recoins de ce monde sous-terrain découvrait l’existence d’une mystérieuse ligne noire, une ligne maudite aux multiples accidents depuis longtemps fermée et oubliée de tous.
Lorsqu’elle débute son enquête, Ninn ne connaît pas encore l’objet réel de ses recherches, à savoir ses origines. C’est dans ce deuxième tome, Les Grands Lointains, que cette quête prend tout son sens, alors que Ninn et son compagnon, un majestueux tigre sorti d’une figurine en origami, rejoignent enfin cette contrée fantastique. Aux confins de la ligne noire, ils découvrent une végétation luxuriante, des géants de pierre, et ce cimetière où viennent s’échouer tous les rebuts du métro, tickets usagés et rames inutilisées compris. Mais pour se confronter à sa destinée, la petite Ninn doit subir de nombreuses épreuves. Atteindra-t-elle le fanal, où elle pourra enfin être en sécurité? Et qui est cette étrange créature noire et jaune protéiforme, qui semble veiller sur elle?
En s’éloignant des couloirs du métro explorés dans le premier tome, ce deuxième opus ouvre les portes d’un monde onirique que l’on découvre sur des plans à couper le souffle du dessinateur Johan Pilet. Riche en rebondissements, le récit est mené avec beaucoup de fluidité et servi par un dessin soigné sans être lisse. Tandis que les aventures se succèdent pour Ninn, on saute des deux pieds dans les éléments classiques du rêve, touchant subtilement du doigt les thématique de la destinée et de la filiation.
Dans ce volume, on est certes loin de Châtelet-Les Halles, mais le scénario parvient à garder bien présent l’univers du métro, et l’album habille d’une dimension de plus en plus fantastique ces trajets qui peuvent, chaque jour, paraître si ordinaires aux voyageurs du quotidien.
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