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Quatorze juillet

5 mai 2020 |
SERIE
Quatorze juillet
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
22 €
DATE DE SORTIE
11/03/2020
EAN
2203196831
Achat :

Jimmy Girard est un jeune gendarme zélé, travailleur et convaincu du bien-fondé de sa mission de protection des civils. Trop, peut-être ? Quand Vincent, un peintre parisien qui vient de perdre sa femme dans un attentat, débarque pour l’été au village de Roissan (Isère) accompagné de sa fille de 16 ans, il se rapproche d’autant plus de lui qu’il vient de perdre son père. Commence alors, entre le petit homme brisé et le jeune gendarme, une relation trouble, dans un rapport d’autorité inversé, avivée par l’attraction de Jimmy pour la pulpeuse adolescente.

quatorze-juillet_image1 On n’attendait pas Bastien Vivès sur un polar. En effet, l’enjeu d’une description socio-politique du réel, central dans ce genre littéraire, a toujours été absent de ses livres, principalement tournés vers l’intime ou vers l’imaginaire. Il ne faisait d’ailleurs pas mystère de son ignorance totale de la politique. Avec Quatorze juillet, qui relève même de l’actualité brûlante – et polémique – il sort donc franchement de sa zone de confort. Le scénario, écrit à quatre mains avec le documentariste touche-à-tout Martin Quenehen (dont c’est à la fois la première incursion dans la BD et la première fiction), déploie ainsi la toile de fond d’une France rurale, agitée de tensions sourdes entre partisans d’un mode de vie alternatif, industries agro-alimentaires, racistes locaux bas-de-plafond, petits trafiquants venant des villes toutes proches, et évidemment, gendarmes qui veillent sur le tout. Le tableau – qui n’est pas sans rappeler, en beaucoup plus soft, le cadre des Rivières Pourpres, de Jean-Christophe Granger – capte bien l’air du temps, et ce qui rythme la vie dans ces coins-là, sans faux-semblants.

Bastien Vivès le met en scène avec son génie de la composition, tout en fluidité, avec de beaux jeux de lumières et une manière bien à lui de prendre son temps pour raconter, avec peut-être quelques longueurs, par moments. Son dessin toujours plus sobre, tant dans les expressions que dans le trait, est bien venu avec un sujet qui sinon aurait pu virer au larmoyant. Cela dit, il n’aide pas à rentrer non plus dans un scénario déjà un peu froid.

En effet, si, sur le papier, le schéma fonctionne, on a du mal à saisir ce qui lie vraiment ce gendarme raide et ce petit bonhomme triste, aux traits tombants et canins d’un Houellebecq. De la même manière, le long passage, maladroit et pas très crédible, autour de la cité et de ses voyous, a du mal à trouver sa place dans l’intrigue et semble comme rattaché de force au reste, alors qu’il est au centre du dispositif narratif. La volonté de faire du récit une métaphore, qui raconterait l’engrenage de la violence et la manière dont toute une société peut y basculer, petit à petit (et faisant ainsi le jeu du terrorisme islamiste, dont c’est souvent une des principales motivations), y est sûrement pour quelque chose. On peut aussi se demander quelle est l’utilité, pour l’histoire, de la bimbo adolescente, si ce n’est d’offrir quelques scènes de nu – et sans vouloir jouer les censeurs – par ailleurs un peu douteuses dans leur propos. Cela ajoute en tout cas à l’aspect dépareillé de l’ensemble, qui a du mal à faire son choix entre documentaire et fiction.

Heureusement, le suspense est là, avec des retournements de situation, une tension non résolue planant entre les scènes d’action, ainsi qu’une manière habile de nous mener de fausses pistes en fausses pistes. Les auteurs ont eu le doigté, par ailleurs, de ne pas clore leur fin, et de nous laisser ainsi réfléchir aux leçons qu’il y a à en tirer, ou pas.

L’effort fait donc un peu artificiel, mais pas non plus vain.

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