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Sébastien Lumineau : un homme, une femme, chabadabada…

19 mars 2010 |

lumineau_introDans Des berniques – de petits coquillages accrochés à un rocher, mais aussi des broutilles -, il ausculte une relation amoureuse qui s’éteint, la magnifiant d’une encre poétique, sans bavardages inutiles. Sébastien Lumineau, 34 ans, montre admirablement le malaise qui s’installe dans le quotidien, la lassitude qui s’empare des corps trop habitués. Auteur de Une vingtaine (Les Requins Marteaux) ou Fido face à son destin (Delcourt), il raconte d’une voix légèrement traînante la genèse de cet album.

lumineau_bientotComment sont nées ces Berniques ?
L’idée remonte à cinq ans. À l’époque, je travaillais sur le projet collectif en ligne 40075km comics, de L’Employé du Moi. Il y avait une contrainte : exploiter la notion de trajet. J’étais donc parti de ce prétexte pour raconter une relation entre un homme et une femme vivant séparément. La femme rejoignait l’homme, d’où le déplacement. J’avais intitulé cela Une belle histoire d’amour, mais j’ai changé le titre car il était trop explicite. Je lui ai préféré ces Berniques, dont j’aime le côté ridicule. J’avais réalisé une quarantaine de pages quand le site s’est arrêté.

Quand avez-vous repris le cours du récit ?
Deux ans après. Mais j’y avais beaucoup pensé entre temps. J’ai repris le travail réalisé, j’ai rectifié quelques petites choses (comme un jeu d’ombres dans une scène), inséré d’autres pages.

Y a-t-il une part de vécu dans l’histoire ?
Oui, mais ce n’est pas pour autant de l’autobiographie. Je voulais montrer l’effilochage d’une relation que l’on maintient malgré tout. De manière générale, je fonctionne de manière très intuitive : le scénario vient au fil du dessin.

lumineau_nuitPourquoi ne jamais nommer vos personnages ?
J’aurais eu du mal à leur attribuer des prénoms, qui correspondent forcément à une époque. Certes, j’aurais pu les appeler Christophe et Nathalie, ou Gilbert et Cunégonde, mais bon… L’anonymat permet de garder une distance, le lecteur les observe ainsi de loin.

Vous vous attardez longuement sur les gestes du quotidien.
Les détails signifient aussi une rupture, le malaise peut se traduire par une certaine trivialité. Même si cela n’est pas évident, j’ai pensé aux films d’Hitchcock en préparant Des berniques. J’ai cherché à induire une certaine tension au fil des scènes.

Pourquoi emmener vos héros au bord de la mer ?
J’habite à Rennes, et j’aime ce décor maritime, agréable à dessiner. Et puis un ciel mouvant possède un côté romantique très XIXe siècle. Je me suis beaucoup amusé à faire cet album, même s’il exhale une certaine mélancolie.

lumineau_planchePourquoi une aussi grande économie de mots, utilisés à minima dans vos cases ?
Les textes étaient plus longs au départ, je les ai élagués pour parvenir à l’essentiel. Pour moi, la bande dessinée doit avant tout raconter par l’image – ce qui diminue le risque de la redondance. Le lecteur doit ensuite décoder le dessin, l’interpréter à sa manière. Je recherche une lecture active.

Quelle technique utilisez-vous ?
Je travaille à la plume et au blanco, essentiellement en noir et blanc. Je ne sais pas me débrouiller avec un pinceau, et dessiner au feutre n’est pas agréable. Je ne souhaite pas utiliser de palette graphique : je passe déjà assez de temps devant un ordinateur !

Comment êtes-vous venu à la bande dessinée ?
J’en ai toujours fait, depuis mon enfance. J’ai découvert le Québécois Henriette Valium au détour d’un article dans Spirou, puis Crumb et l’underground américain. À 17 ans, j’ai publié mon premier fanzine. Aujourd’hui, je continue le fanzinat (Le Nouveau Journal de Judith et Marinette), cette activité obscure m’est indispensable pour expérimenter.

Pourquoi avoir choisi en 2006 d’abandonner votre pseudonyme, Imius, pour reprendre votre vrai nom ?
Ça m’a semblé plus facile et naturel. Je ne sais même plus pourquoi j’avais pris un pseudo à l’époque…

Quels sont vos projets ?
Je vais reprendre un récit entamé il y a cinq ans dans Ferraille, Les Maîtres de la galaxie, pour en faire un livre. Je compte aussi poursuivre mon feuilleton Un chien dangereux, et puis j’ai un autre projet assez indéfinissable, autour de personnes retraitées…

lumineau_couvPropos recueillis par Laurence Le Saux


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Des berniques.
Par Sébastien Lumineau.
Cornélius, 14€, février 2010.

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La fiche de l’album sur nouvellesbd.com.

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