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Anne Goscinny: «Astérix a eu déjà eu deux vies, du vivant de mon père et après. Pourquoi pas une troisième?»

20 janvier 2009 |

Comme Boule et Bill et Lucky Luke, Astérix vivra de nouvelles aventures même lorsqu’Albert Uderzo aura décidé d’arrêter de dessiner et scénariser la série. Alors qu’il s’y opposait, le co-créateur – avec René Goscinny – du petit Gaulois a changé d’avis. A la satisfaction – on le souhaite – des millions de lecteurs toujours fidèles et d’Anne Goscinny, fille du scénariste, qui gère les droits des œuvres de son père depuis sa mort en 1977. En effet, celle-ci nous confiait l’année dernière souhaiter qu’Astérix puisse survivre à ses auteurs originels. Nous lui avons demandé si elle était satisfaite de ce revirement. Et pourquoi elle avait vendu, avec Albert Uderzo, les éditions Albert René, éditrices d’Astérix, au groupe Hachette Livre.

asterix_goscinny_uderzo.jpgPourquoi avoir vendu vos parts des éditions Albert René à Hachette Livre ?
Albert Uderzo ayant décidé de vendre les siennes, j’ai trouvé cohérent de me joindre à lui. Pour être solidaire de l’ami de mon père et afin que la situation reste cohérente. Vendre mes 20% des éditions Albert René en même temps que ses 40% à Hachette Livre renforçait son choix. Albert en avait assez d’être confronté à des problèmes de gérant et souhaitait se consacrer entièrement au dessin. À 81 ans, on fait le choix du plaisir avant tout. Je n’avais pas envie de m’opposer à sa volonté. D’autant qu’il n’a pas choisi de vendre ses parts à un petit éditeur qui n’aurait rien à voir avec Astérix. Hachette Livre diffusait et distribuait déjà les 33 titres de la série. Ce n’est pas Dargaud, l’éditeur historique, mais ce n’est pas non plus un étranger.

Dans notre précédente interview, vous disiez souhaiter que d’autres auteurs puissent prendre un jour la suite d’Albert Uderzo sur les aventures d’Astérix. Ce dernier ne le souhaitait pas à l’époque mais a changé d’avis. Est-ce que sa décision vous satisfait ?
Je ne peux que m’en réjouir. Sans vouloir être modeste, je ne pense pas avoir influencé son choix. En vérité, sans mon accord, Albert n’aurait pas pu laisser Astérix sans suite. Dans cette histoire, nous sommes en partie liés. Même si je ne suis que l’ayant-droit, j’ai le droit d’exprimer mon point de vue. Le destin tragique a voulu qu’Albert Uderzo poursuive seul les aventures d’Astérix. Mais nous prenons les décisions concernant la série ensemble. asterix_chaudron.jpgJe ne veux et ne peux pas me substituer à mon père, mais le droit fait que c’est à moi de participer aux réflexions. Je suis heureuse qu’Albert ait choisi qu’Astérix continue d’exister, même après son retrait de la série. Astérix a eu déjà eu deux vies, la première du vivant de mon père et l’autre après. Pourquoi ne pourrait-il pas en vivre une troisième?

Serez-vous consultée lorsqu’il faudra choisir des repreneurs ?
Bien sûr. Albert et moi avons vendu nos parts de la société éditoriale Albert René, mais nous conservons nos droits d’auteur et nos droits moraux sur la série. Hachette Livre nous consultera le moment venu, quand il faudra prendre une décision. C’est un simple changement d’actionnaires.

Imaginez une suite à Astérix était-ce impossible avant le rachat par Hachette Livre ?
Le changement d’actionnaires n’a rien à voir avec la poursuite ou l’arrêt d’Astérix. Si Albert et moi nous opposions à une suite, Hachette Livre ne pourrait pas aller à l’encontre de notre décision.

Qu’est-ce que ce rachat va changer pour Astérix ?
Rien, il va continuer de vivre sa vie de héros de BD. Les éditions Albert René ont simplement changé d’actionnaires. Il ne faut pas diaboliser Hachette Livre comme j’ai pu le lire ailleurs. Ce sont de grands professionnels de l’édition qui n’ont aucune envie de saborder ce personnage. Au contraire, ils souhaitent le faire grandir. Si c’est encore possible…

asterix_evolution_ok.jpg

Pourquoi Sylvie Uderzo, qui possède les 40% restant des éditions Albert René, n’a pas souhaité les céder ?
Je ne peux pas répondre pour elle. Je n’aimerais pas qu’elle prenne la parole pour moi. Je ne le fais pas pour elle.

Albert Uderzo travaille actuellement sur le 34e tome…
Oui, mais je n’en sais pas plus. Le prochain événement que nous fêterons sera le 50e anniversaire d’Astérix en octobre. Un album spécial contenant des textes de mon père et d’Albert sortira pour l’occasion.

Propos recueillis par Allison Reber

© éditions Albert René

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Commentaires

  1. Mouais bon Uderzo fait ce qu’il veut de son personnage, c’est normal et personne peut vraiment lui reprocher. Maintenant, ce que nous lecteurs pouvons discuter c’est la qualité. Dans ce sens Asterix est mort depuis 30 ans. Non ce n’est pas Asterix ce pseudo conte pour enfant à niveau de lecture unique dans lequel la magie (Chez Razade, la galère d’obélix…) et la… euh… débilité (la bataille entre gentil comics américains et méchant « jaunes » du dernier) se répendent alégrement. Une série comme Asterix repose sur un rythme, un rythme qu’on ne peut pas casser si on veut consevrer un certain équilibre. Asterix ne peut pas vieillir, pas avoir d’enfant, des « mythe fondateurs » sont incontournables: la peur du ciel, Obélix « tombé dedans quand il était petit ». A cela s’ajoute un cadre préçis (ce n’est pas moi qui l’invente, il me semble que c’est René Goscinny): un certain respect historique, plusieurs niveaux de lecture (qui permettent de relire toute sa vie les albums en les redécouvrant à chaque fois)… Uderzo, face à la pauvreté de son imagination (désolé mais ce n’est qu’un jugement de lecteur) a dû déconstruire chacun de ces points essentiels pour réussir à susciter un minimum d’intéret à la sortie de chaque album. Le cadre contruit pendant les années de jeunesses de la série a été largement dépassé. Ne reste que quelques heros moustachus qui donnent des baffes, mais sans vraiment y croire. C’est pas assez pour moi.

  2. Mouais bon Uderzo fait ce qu’il veut de son personnage, c’est normal et personne peut vraiment lui reprocher. Maintenant, ce que nous lecteurs pouvons discuter c’est la qualité. Dans ce sens Asterix est mort depuis 30 ans. Non ce n’est pas Asterix ce pseudo conte pour enfant à niveau de lecture unique dans lequel la magie (Chez Razade, la galère d’obélix…) et la… euh… débilité (la bataille entre gentil comics américains et méchant « jaunes » du dernier) se répendent alégrement. Une série comme Asterix repose sur un rythme, un rythme qu’on ne peut pas casser si on veut consevrer un certain équilibre. Asterix ne peut pas vieillir, pas avoir d’enfant, des « mythe fondateurs » sont incontournables: la peur du ciel, Obélix « tombé dedans quand il était petit ». A cela s’ajoute un cadre préçis (ce n’est pas moi qui l’invente, il me semble que c’est René Goscinny): un certain respect historique, plusieurs niveaux de lecture (qui permettent de relire toute sa vie les albums en les redécouvrant à chaque fois)… Uderzo, face à la pauvreté de son imagination (désolé mais ce n’est qu’un jugement de lecteur) a dû déconstruire chacun de ces points essentiels pour réussir à susciter un minimum d’intéret à la sortie de chaque album. Le cadre contruit pendant les années de jeunesses de la série a été largement dépassé. Ne reste que quelques heros moustachus qui donnent des baffes, mais sans vraiment y croire. C’est pas assez pour moi.

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