Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image

BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | April 19, 2024















Retour en haut de page

Haut de page

4 Comments

Bande Numérique, ou comment les éditeurs font face à Apple et Amazon

23 mars 2011 |

La semaine dernière, nous recevions un communiqué enjoué annonçant la création de Bande Numérique, regroupement d’éditeurs autour de la plateforme de BD numériques Izneo. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

droitsLa situation est surprenante, voire ubuesque. D’un côté, un nouvel acteur – enfin une ancienne structure dotée d’un nouveau nom, comme on le verra plus bas-, Bande Numérique, qui annonce triomphalement un «accord historique pour le numérique dans la bande dessinée». De l’autre, un syndicat d’artistes (le Groupement d’Auteurs de Bande Dessinée, ou GABD), qui « demande aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités », dénonçant l’absence de vues communes avec les éditeurs – voir le dessin de James, ci-contre, qui illustre la situation.

« Au terme de six mois de négociations, le Conseil Permanent des Ecrivains et le Syndicat National de l’Edition sont parvenus à s’entendre partiellement sur deux points : le bon à diffuser numérique [ou validation du fichier par l’auteur avant sa diffusion] et l’exploitation permanente et suivie, précise le communiqué récemment issu par le GABD. Sur les points clés (contrat séparé, durée limitée du contrat, conditions de rémunération), le désaccord reste total. »

Pour tenter de mieux comprendre la démarche des éditeurs, nous avons interrogé Régis Habert, directeur général de Bande Numérique (photo ci-dessous). Il détaille ce qu’est cette entité, qui réunit Bamboo, Casterman, Dargaud, Delcourt, Dupuis, Glénat, Le Lombard, Soleil et leurs filiales respectives autour d’une politique numérique commune.

logo_bande_numeriqueBande Numérique, pour quoi faire ?
Son objectif est de prendre en main le futur numérique, en prenant en considération ce qui s’est passé dans la musique. Dans ce secteur, Apple a profité du désaccord des maisons de disque pour imposer sa loi. Nous souhaitons maintenir la bande dessinée dans le même cadre qu’aujourd’hui, avec les mêmes acteurs (auteurs, libraires, clients…). Pour réussir cela, il faut agir sur le marché ensemble.

Qu’est-ce que Bande Numérique exactement ?
Un groupement d’éditeurs qui n’a pas d’existence juridique : on pourrait le comparer à une bande de copains qui décident de se donner un nom. Son incarnation réelle est Izneo, un entrepôt de BD numériques créé en mars 2010 par Média-Participations. Ce nouveau nom permet aussi de se démarquer d’Izneo, qui était un peu trop associé à Média-Participations.

Qui possède Izneo aujourd’hui ?
Cette S.A.S. [société par actions simplifiées] est dotée d’un capital de 300 000 € – pour un investissement de plus de 700 000 € -, réparti comme suit : 15% pour Dargaud, Delcourt, Glénat, Soleil et Casterman, 10% pour Bamboo et Dupuis, et 5% pour Le Lombard. Personne n’a donc la minorité de blocage.

bande_habertComment fonctionne Izneo ?
Il s’agit d’une plateforme ouverte à d’autres éditeurs que ses actionnaires, où les conditions commerciales sont les mêmes pour tous. Les œuvres y sont stockées en format numérique, avec l’accord des auteurs obtenus par leurs éditeurs respectifs. La mission d’Izneo est de développer le réseau des libraires en ligne. Et aucunement de se poser en concurrent par rapport à eux : nous ne faisons aucune publicité pour attirer des acheteurs. Le site se veut seulement un lieu d’expérimentation, pour tester de nouvelles offres vis-à-vis des lecteurs.

Mais Izneo est tout de même libraire, puisque les lecteurs peuvent y acheter directement des bandes dessinées !
Oui, mais cette activité de vente est minoritaire, et destinée à le rester. Le but de notre plateforme est avant toute chose de permettre la diffusion des œuvres via des libraires. Izneo est un entrepôt, comme dit plus tôt, et se met d’abord au service des e-commerces. Nous proposons un accès à des partenaires comme la Fnac, Album, BDFugue, Slumberland, Mollat, ou La Procure, pour ne citer qu’eux, ou encore des pure players comme Youscribe.

Quel type de transactions effectuez-vous avec ces acteurs ?
Comme pour les albums papier, les e-libraires touchent une marge en échange de leur recommandation. Nous effectuons la remise classique, à savoir 30 à 35%.

Quels sont vos rapports avec Amazon et Apple ?
Nous sommes en cours de discussion avec Amazon. Il serait tout de même stupide de se fermer la porte de la première librairie au monde… Le problème est qu’il faudrait, pour lui agréer, que nous promettions la jouissance d’un fichier ad vitam aeternam au lecteur. Or le fichier numérique est comme le livre papier: il arrive qu’on l’abîme ou qu’on le perde, et dans ce cas il faut le racheter. Lors de son achat, le lecteur a droit à cinq copies, cela nous semble raisonnable. Quant à Apple, le problème est plus complexe. Il comporte différents aspects, dont les 30% de quote-part voulus, et la censure du contenu. Il nous est par ailleurs difficile d’avoir un interlocuteur avec lequel aborder cela. Nous essayons donc de contourner la difficulté en nous préoccupant d’autres tablettes que l’iPad.

LOGO-izneoDe quelle manière évoluent les négociations avec les auteurs concernant leurs droits numériques ?
Je ne puis répondre à ce sujet. Cette question concerne chacun des éditeurs, or Bande Numérique ne regroupe que leurs activités de diffusion et de distribution. Pas question pour nous de toucher les bandes dessinées, nous les regardons de loin.

L’un des enjeux pointés par Bande Numérique est celui du piratage. Est-ce pour vous une réelle menace?
Sur Internet, beaucoup de liens existent avec au bout des bandes dessinées prêtes à l’emploi. On peut obtenir en un clic l’intégrale de Tintin ou de Lanfeust de Troy, en PDF bien propres, parfaitement lisibles.

Ne s’agit-il pas d’initiatives isolées ?
Nous ne disposons pas de chiffres précis, mais il serait illusoire de croire que de joyeux lycéens sont aux commandes. Il s’agit d’un véritable business, qui rapporte un chiffre d’affaires publicitaire à certains. Via Izneo, Bande Numérique vise à protéger les œuvres, disponibles en streaming ou via des fichiers cryptés, sécurisés.

Quels sont vos objectifs chiffrés ?
Il m’est très difficile de vous les donner, car nous n’avons aucun recul sur le marché. Aujourd’hui, les ventes sont très faibles. Je peux seulement vous dire qu’environ un million de BD ont été consultées [dont certaines seulement en preview, sur quelques pages] depuis l’ouverture du site. Aujourd’hui nous disposons de 3000 bandes dessinées, dont 2000 sont disponibles à la vente. La mise à disposition se fait de façon raisonnée et régulière, comme pour le papier. Afin que le catalogue se constitue gentiment et que chacun puisse connaître le rythme de mise en place. Notre objectif est de proposer 5000 oeuvres à la vente à la fin 2011. Mais nous devons avant tout travailler à stabiliser le marché. Le succès d’Izneo pourra se mesurer au nombre de libraires qui investiront le net [une quarantaine en prévision à la fin 2011], et aux flux qui transiteront par eux. On peut imaginer à terme que l’on puisse fermer Izneo, qu’il ait seulement servi d’outil de transition.

Qu’en est-il de la création en matière de bande dessinée numérique ?
Là encore, je vous renvoie vers les éditeurs. Chacun a ou aura sa propre stratégie. Pour le moment, Bande Numérique ne propose que des albums pré-existants.

Propos recueillis par Laurence Le Saux

 

Votez pour cet article

Images © James – Bande Numérique – Izneo.

 

Commentaires

  1. Nouveau webzine sur la bd numerique a decouvrir
    http://issuu.com/b.d.z.mag
    prochainement dossier izneo

  2. Nouveau webzine sur la bd numerique a decouvrir
    http://issuu.com/b.d.z.mag
    prochainement dossier izneo

Publiez un commentaire