Billy Lavigne



Beau comme un dieu grec, doué avec les chevaux, Billy Lavigne a tout pour devenir une figure de l’Ouest, surtout que le notable du village le considère comme son fils. Mais Billy vient de perdre sa mère, une femme libre et magnétique, probablement assassinée par son amant. Une tempête de sentiments contradictoires et d’aspirations brisées s’abat alors sur lui : a-t-il vraiment un avenir sur cette terre abreuvée du sang des opprimés ?
Après le brillant La Femme à l’étoile, Anthony Pastor poursuit son exploration du western, sous le prisme du patriarcat déliquescent. Ici, Billy, objet de tous les désirs de la part de ses tuteurs, prend conscience, à la mort de sa mère, qu’il y a quelque chose de pourri dans ce monde masculin, violent et secret. Tiraillé entre un sentiment de loyauté et l’envie de fuir pour sauver ce qui lui reste d’humanité, Billy incarne peu à peu un révolté de tragédie antique, peut-être moins faible qu’on l’aurait cru. On retrouve là tout le talent d’écriture de l’auteur de Las Rosas, pour s’approprier les mythes et les transposer dans un autre univers. Toutefois, il manque un peu de souffle à ce récit, de rebondissements moins attendus, au sein d’un scénario marchant sur un fil sans doute trop ténu entre hommage au western classique et vision moderne. Alors que certains personnages resteront en mémoire, d’autres manquent de corps et ne passent que comme des figurants. Surtout Billy ne prend pas la dimension qu’on attend qu’il prenne, semblant subir jusqu’à la fin les événements. Peut-être l’auteur a-t-il été un peu écrasé par son décor et ses références visuelles, car graphiquement son travail est bluffant : avec des encres de couleurs, il investit le Far West comme un peintre à la palette chatoyante, lui donnant une dimension inédite, tout en sensibilité. Un sentiment mitigé demeure donc en refermant l’ouvrage, celui d’un voyage original d’une singulière beauté, mais à l’émotion évaporée.
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