Un petit astre aux airs de désert. Une chercheuse solitaire et passionnée. Un poète en exil. Une créature inquiétante. Soudain, une tempête diluvienne… et tout change : le paysage, les corps. Les humains ayant le malheur d’être touchés par la pluie vieillissent, rajeunissent ou se changent en animaux. Tildä Nö et San Williams, la chercheuse et le poète devenus compagnons d’infortune, ne sont pas épargnés. Les voilà partis à la recherche de réponses, à travers une planète en pleine mutation.

Voici un album un peu curieux, où l’aventure se mêle à la fable, le fantastique à la science et l’étrange à la douceur. Le dessin beau et lumineux, la narration agile, les larges cases et la palette chaleureuse – avec de belles utilisations du vert et du jaune – de Jop (Jazzman) construisent un univers poétique, plus évocateur que démonstratif. La dimension écologique, notamment sur la question de l’exploitation des ressources, est limpide mais le tout conserve une ampleur intimiste.

L’auteur entretient toutefois une large part de mystère. Pourquoi cette pluie ? Et ces métamorphoses ? Qui est la créature et que veut-elle ? Flux pose de nombreuses questions sans y répondre. Ce qui peut frustrer le lecteur… à moins d’accepter que le sujet n’est ici pas tant le bouleversement, que la façon d’y réagir. Et la vieillesse, les liens humains ou le rapport à la nature. Dans cet univers poétique qui invite à la rêverie, l’inquiétude et la mort guettent au détour de chaque fleur. Mais l’espoir aussi.