L’idée est simple. Prenez un super beauf, catégorie compétition, vulgaire, sans gêne et homophobe. Enfermez-le avec un écrivain râleur, angoissé, gay et maladroit. Lancez des hordes de zombies tout autour de la maison. Laissez mijoter. Encore un peu. Et, contre toutes attentes avec une recette aussi risquée, vous obtenez une comédie savoureuse.

Voilà une vraie bonne surprise! Non pas qu’on doutait du talent des auteurs. Davy Mourier a su imposer son ton depuis plusieurs années dans différents médias, avec un public fidèle notamment pour sa Petite mort, mais aussi sur des albums plus amples tels L’Âge de Pierre. Édouard Cour, lui, avait explosé avec Héraklès puis déçu avec L’Extrabouriffante aventure des Super Deltas, mais on était assez sûr de son talent de mise en scène. Toutefois, là, l’idée de départ semblait tellement potache et artificielle qu’on craignait le plantage. Eh bien pas du tout. Sur un terreau propice à l’humour – deux mâles que tout oppose, dans une société très années 80 mais à destination des lecteurs post #MeToo et post Walking Dead –, les deux auteurs s’en sortent à merveille, enchaînant les gags visuels avec les répliques qui claquent, le comique de répétition avec le gentiment scato. Pour un huis clos, le rythme est franchement enlevé, grâce à un découpage varié, jouant à fond sur les cadrages – l’influence sitcom est bien présente. Et le noir et blanc en niveaux de gris assez pâles, s’il est par moments un peu fade, permet une grande lisibilité, même dans les petites cases. Et les tronches et accessoires brossés par Édouard Cour sont délectables. On en reprendrait bien une tranche.