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Projectile ****

19 décembre 2012 |

picto-critique-V3-4projectile_couvPar J. & E. LeGlatin. The Hoochie Coochie, 20 €, novembre 2012.

En 2007, avec Faut qu’on rie, les frères LeGlatin signait une autoproduction magnifique. Violente et rageuse, elle révélait Caporal & Commandant, des duettistes militaires recommençant sans cesse d’étranges ballets, explorant les codes du langage dans des polyphonies discordantes. Né dans Porophore deux ans plus tôt, le duo s’était développé au sein des fanzines Turkey Comix et Gorgonzola, et coupait à chaque fois le souffle des amateurs de micro-édition. En 2009, tandis que les frères Bicéphales continuaient d’auto-éditer des opuscules de leurs personnages, Caporal & Commandant est arrivé en recueil dans les librairies. Assemblage des récits épars, puzzle bien avancé quoique toujours inachevé, il en est ressorti bien vite sans obtenir l’attention qu’il aurait mérité. Problèmes de diffusion, explosion du Comptoir des indépendants, le titre était presque mort né (presque, car bien existant et disponible pour qui sait chercher).

projectile_image1Qu’importe, sabre au clair, les deux soldats sont repartis au front, continuant de tisser leur toile en perpétuelle (re)construction. Ils poursuivent leurs enchevêtrements ne craignant pas la contradiction : chaque court épisode semble revenir à zéro, les marionnettes sont les mêmes, les questionnements semblent proches et les réponses toujours différentes. Fort logiquement, il y a vite de quoi faire un nouveau livre. Et même plus, puisque Projectile contient de nombreux inédits.

N’affichant ni le nom ni l’image des protagonistes en couverture, Projectile impressionne par sa noirceur et semble vouloir conjurer le mauvais sort. Ce grand volume, étonnant tant on est habitué à les lire dans un format plus intime, surprend, et joue de la même manière. Le dessin, qui apparaissait parfois un peu plus faible, dans sa rigidité assumée, prend soudain une autre dimension, et s’ouvre comme jamais.

Livre d’une admirable cohérence malgré la diversité des récits (on peut en lire un extrait ici) – tous sont sous-tendus par l’éternel rapport d’autorité des deux hommes, mais aussi à celle d’un enfoui «Pôpamôman» souvent invoqué –, Projectile porte donc bien son nom, frappe le lecteur et laisse de nombreux points d’impacts. Les éditions The Hoochie Coochie, comme elles l’avaient fait avec le Rénégat d’Alex Baladi, réussissent encore une fois à trouver l’alliage parfait pour servir au mieux le travail d’un auteur. Puissant et radical, Projectile est une bande dessinée de guerre. Pas tant par ses héros gradés, finalement assez secondaires même si l’on ne voit qu’eux, que par le combat qu’elle mène à chaque trait.

Maël Rannou

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