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Sélection Comics – A Walk through Hell

12 avril 2023 |

a-walk-through-hell-couvOn était un peu passés à côté à sa sortie de la dernière création de Garth Ennis, l’auteur de The Boys. Il serait pourtant dommage de ne pas évoquer A Walk through Hell, thriller horrifique poisseux délesté des ricanements habituels de l’éternel provocateur nord-irlandais. Un abîme de noirceur assez vertigineux à ne pas mettre entre toutes les mains, passé tout près d’être le grand œuvre de son auteur.

Deux agents du FBI, Shaw et McGregor, sont appelés en renfort sur une intervention. Deux collègues ont disparu dans un entrepôt de Long Beach dans le cadre d’une enquête au long cours sur un réseau pédophile. Sur place, les forces spéciales de la police semblent en état de choc. À l’intérieur, le cauchemar. Littéralement.

On n’en dira pas plus car, dans les deux tomes à l’ambiance fincherienne du thriller A Walk Through Hell signé Garth Ennis (The Boys, Preacher, Punisher…), les informations sont distillées au compte-goutte. Temporalités entremêlées, arrière-plan dévoilé par touches quasi-impressionnistes, frontières de plus en plus floues entre hallucinations et surnaturel : Ennis laisse le lecteur dans un état constant d’incertitude, raccord avec l’hébétude qui frappe les personnages principaux au fur et à mesure de leur immersion dans cette sordide affaire. Quand l’horreur les rattrape, elle n’en est que plus saisissante.

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Garth Ennis est connu pour ses excès. Il ne s’effraie jamais d’aller trop loin dans le gore et la dépravation (voir à ce titre le sommet Crossed), mais ici c’est son étonnante sobriété qui interpelle. Sensation renforcée par le dessin appliqué du Croate Goran Sudzuka, entièrement au service de son partenaire. Jusqu’à convoquer parfois le fantôme du regretté Steve Dillon, dessinateur de Preacher et collaborateur fétiche d’Ennis, au détour d’une case, dans un visage évocateur de son style si reconnaissable.

Les scènes choc, signature de Garth Ennis, sont bien là, mais on est loin des embardées grotesques auxquelles le Nord-Irlandais nous a habitués. Au lieu de se délecter, comme il le fait souvent, du malaise voire du dégoût sciemment provoqué chez l’auditoire, Ennis se place plutôt, une fois n’est pas coutume, du côté des sidérés. Ce n’est pas un hasard, l’action se situe en 2018, en pleine campagne d’un certain candidat à la présidentielle qui n’est jamais nommé, et le climat délétère dans lequel marinait l’Amérique n’a fait, semble-t-il, que confirmer le scénariste dans ses inclinaisons nihilistes naturelles. A Walk Through Hell brasse des thèmes déjà abordés dans ses œuvres précédentes mais sans une once d’humour et en poussant la réflexion sur le Mal absolu dans ses dernières extrémités.

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Dommage que la conclusion, abrupte et indéchiffrable, ne soit pas à la hauteur de ce qui précède et apparaisse bizarrement bâclée. Ennis tenait peut-être là son chef d’œuvre. On se retrouve à la place avec un drôle d’objet entre les mains, séduisant et repoussant à la fois, aussi enthousiasmant que frustrant.

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A Walk Through Hell #1-2
Par Garth Ennis et Goran Sudzuka.
Black River, 176 p., 18,90 €.
Lire un extrait sur le site de l’éditeur.

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