Simon & Lucie, les ciels changeants



Simon et Lucie sont deux ados qui s’aiment, qui vivent intensément leur quotidien par-delà des parents pas vraiment à la hauteur et des rêves un peu trop grands. Ils marchent sur un fil, enivrés par le désir et l’espoir. Mais Simon dérape et tombe dans le gouffre. Les sentiments étaient trop forts et son être blessé trop faible. Et l’histoire d’amour se déchire.
C’est sur la proposition de son éditrice qu’Alain Kokor s’est lancé dans l’adaptation de trois pièces de théâtre de Diastème, trois oeuvres qui mettent en scène, sur des années, l’itinéraire de Lucie et Simon – La Nuit du thermomètre, 107 ans, La Paix dans le monde. La mission était ardue, mais le pari est superbement réussi. Car Kokor (Balade, balade, Alexandrin, Au-delà des mers, Mon copain secret…), par la grâce de son découpage aérien et poétique, parvient à capter la force du texte de Diastème et la délicatesse de ses ambigüités. Dans sa première partie, le dialogue des deux ados coincés dans un chambre parisienne lors d’une nuit de canicule s’illumine de trouvailles graphiques. Dans la deuxième partie, au coeur du cerveau malade de Simon, interné en hôpital psychiatrique, c’est une valse d’humeurs et d’angoisses qui se danse sous nos yeux, déchirante mais sans pathos inutile. Et dans la troisième et dernière partie, celle de la résolution et de l’espoir d’un vent nouveau, c’est une belle tranche de vie – douloureuse car terriblement humaine – que l’auteur dépeint, ses pinceaux gagnant en liberté au son du moteur de la mobylette et de la musique enregistrée.
Il ressort de cet impressionnant travail d’adaptation un livre mouvant, émouvant, atypique dans la production de romans graphiques, qui porte la marque d’un dessinateur qui semble plus libre que jamais pour conter les histoires des autres et sans doute, aussi, un peu les siennes.
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