À quoi servent les spin-offs ?
Dis, c’est quoi un spin-off ? C’est un terme à la mode, qui veut dire, en gros, histoire dérivée d’une série principale. Il a été popularisée par les séries télé, avec, pour ne citer qu’elles, Côte Ouest (spin-off de Dallas), Angel (spin-off de Buffy contre les vampires), Les Vacances de l’amour (spin-off d’Hélène et les garçons, ah, vous l’aviez oublié celle-là, hein?), Joey (spin-off de Friends) ou les différents dérivés de Star Trek ou des Experts.
Forts de la vague des séries télé à succès de ces dernières années, les spin-offs de bandes dessinées franco-belges tendent aussi à se multiplier. Rien de révolutionnaire cependant car ce fonctionnement sériel en poupées russes existent depuis un moment dans le neuvième art. Souvent créées à partir d’un personnage apprécié, les nouvelles aventures approfondissent ainsi un aspect que l’oeuvre originale n’a pu développer.
Ainsi, le côté mignon de Spirou et Fantasio a donné Marsupilami, le versant gag de Lucky Luke a engendré Rantanplan, deux séries qui ont su conquérir un nouveau public, plus jeune, et sans doute attirer une nouvelle génération de lecteurs vers la série principale. De même pour Le Petit Spirou. Le fameux groom, porte-étendard des éditions Dupuis, connaît également un regain de forme depuis quelques années, avec les one-shots Une aventure de Spirou et Fantasio par…. Une tentative plutôt réussie de faire s’approprier le personnage par des auteurs au ton plus personnel, et dans des scénarios libérés des contraintes de la série principale.
Mais l’une des BD récentes à avoir su exploiter à fond son univers est certainement Lanfeust de Troy. Le monde créé par Christophe Arleston a en effet été délayé à toutes les sauces: aventures humoristiques avec Trolls de Troy, gags enfantins avec Gnomes de Troy, prequel (narrant les événements antérieurs à ceux décrits dans la série principale) avec Conquérants de Troy, et spin-offs consacrés à des personnages secondaires avec Légendes de Troy (dont un seul tome est sorti pour le moment, Tykko des sables). Tandis que la série principale prenait un nouveau tour en devenant Lanfeust des étoiles. Et ce n’est sans doute pas fini.
Dans le genre science-fiction, on peut citer la réussite des séries parallèles Carmen McCallum et Travis, ainsi que les différents Mondes d’Aldébaran imaginés par Leo (Aldébaran, Bételgeuse, Antarès).
Attention, le principe de la multiplication des titres n’est pas cantonné à la fantasy et ou à la SF. La seule limite est, comme toujours, l’imagination des auteurs. Les séries plus réalistes sont également atteintes par le phénomène. Par exemple, la saga XIII ayant touché à sa fin, c’est XIII Mystery qui a pris la relève: une collection de one-shots mettant en scène des personnages secondaires. Autre spin-off dans le même genre, tout récent celui-là: IR$ All Watcher, série dérivée de IR$ de Stephen Desberg, cette fois dessinée par Alain Queireix.
Bon, mais la question demeure: à quoi servent vraiment les spin-offs? À faire du fric répondront les cyniques, et on ne leur donnera pas complètement tort. Et en même temps, au vu de la qualité réelle de nombreux spin-offs de bandes dessinées à succès, force est de constater que leur publication est souvent une bonne nouvelle. Ils permettent aux auteurs d’avancer d’autres idées, peut-être de prendre un peu plus de risques, tout en bénéficiant de l’appui d’un marketing rôdé. Et surtout, ils récompensent le lecteur avide de tout connaître de son univers préféré.
Si la sortie d’un nouveau spin-off semble souvent, au premier abord, un aveu de manque d’imagination des auteurs, trois albums de ce printemps réfutent cet a priori. Les spin-offs de Jessica Blandy, du Chant des Stryges et de Mutafukaz éclairent à leur manière la série principale, et ne tirent pas sur la corde. Revue de détail.
Une histoire sans fin ?
Jessica Blandy est une femme tellement envoûtante qu’elle a même ensorcelé ses créateurs. Si bien qu’ils semblent ne plus pouvoir se passer d’elle. C’était pourtant leur intention. Après s’être égarés avec la belle, pendant 24 épisodes, dans les zones les plus sombres du monde des hommes – et même au-delà -, Jean Dufaux et Renaud ont choisi d’accorder du repos à leur héroïne si souvent meurtrie par la vie.
Mais ils ne résistent à nous raconter, à travers le témoignage de ceux qui la croisent désormais, ce qu’elle est devenue. On les comprend d’autant mieux que Jessica Blandy est l’une des rares héroïnes de bandes dessinées à être si complexe et charmeuse. La Route Jessica s’avère donc être une post-face, qui confirme que la ténébreuse blonde n’en a pas fini avec les forces obscures qui agitent le monde. Ensorcelés comme les auteurs, on brûle de connaître le sort de Jessica. Avec d’autant plus d’impatience qu’on nous promet que ce cycle final ne comptera que trois tomes.
La Route Jessica #1.
Par Renaud et Jean Dufaux. Dupuis, 13,50 €, le 7 mai 2009.
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Jamais deux sans trois
Pas facile de se retrouver dans l’univers des Stryges, ces inquiétantes créatures ailées. La série mère, riche de deux « saisons » en six tomes, a donné naissance à deux séries parallèles, Le Maître du jeu et Le Clan des Chimères. En voilà une troisième qui nous plonge en plein Siècle des Lumières. Eric Corbeyran, scénariste historique de cette saga fantastique, propulse dans la jungle amazonienne une mystérieuse roche, convoitée par différentes puissances. Dont le baron d’Holbach, bel esprit ami de Diderot et futur encyclopédiste, qui semble n’être autre que Sandor G. Weltman, personnage sombre et insaisissable, voire franchement maléfique dans les albums précédemment publiés. Deux jeunes plutôt tenaces sont à ses trousses: Abeau et sa soeur Cylinia prévoient de l’assassiner pour le compte du Pape…
Le lecteur amateur de l’univers mouvant des Stryges ne bénéficiera d’aucune révélation fracassante à la lecture de cet épisode, efficacement dessiné par Michel Suro – très habile à détailler les visages de ses héros. Ce Siècle des Ombres offre une nouvelle bouchée d’un plat copieux, qui réussit à rester digeste. Le marionnettiste Corbeyran s’amuse à brouiller les pistes, faisant de son méchant favori un humaniste convaincu, et piquant par là-même la curiosité: comment Weltman est-il donc devenu le fumier que l’on sait? Rien que pour le savoir, on s’attablerait encore volontiers avec ces Stryges retors.
Le Siècle des Ombres #1
Par Michel Suro et Eric Corbeyran. Delcourt, 12,90 €, le 6 mai 2009.
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Pour le fun ou pour brouiller les pistes ?
On vous a déjà dit tout le bien qu’on pensait de Métamuta, le spin-off onirico-punk de Mutafukaz. Examinons ici ce qui en fait un spin-off d’exception. D’abord, il intervient alors que la série principale n’a que deux volumes à son actif, et déjà un spin-off, un prequel plus précisément: Mutafukaz #0. Ensuite, même s’il semble révéler une part du passé du héros, on ne sait que croire dans cette histoire pleine de bruit et de fureur. Car le parti pris de son auteur, Jérémie Labsolu, est osé: tout ce qui se passe dans son livre semble n’être qu’un rêve, un mélange de souvenirs et de fantasmes, d’espoirs et d’idées noires. On est projeté dans l’inconscient du petit bonhomme à la tête ronde et bien malin qui pourra démêler le vrai du faux.
Cet album est donc tout à fait hors norme. Commercialement, il ne séduira sans doute que les fans les plus hardcore de Mutafukaz, car son graphisme, son format et son mode de narration sont bien plus radicaux. Ces amateurs audacieux seront récompensés par les bribes de révélations sur le passé de leur personnage préféré, mais ils devront garder en tête que rien n’est absolument certain dans ce qui est décrit ici. Du coup, les autres lecteurs seront à coup sûr totalement déboussolés. Mais au diable le mainstream! Mutafukaz a prouvé dès son premier tome qu’il ne souhaitait pas arpenter les sentiers battus, alors il est logique (et salutaire) que ses spin-offs détonnent encore un peu plus dans le paysage BD classique.
Métamuta.
Par Jérémie Labsolu. Ankama, 11,90€, le 7 mai 2009.
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Article réalisé par Laurence Le Saux, Allison Reber et Benjamin Roure
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juin 22, 2009
YannBonjour,
J’aimerais émettre une remarque concernant ce dossier : vous ne parlez de la saga des 7 vies de l’épervier de Patrick Cothias, et de ses multiples séries séries parallèles. Il s’agit pourtant d’une des oeuvres les plus connues de la BD, tout en étant l’un des premiers spin-off.
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juin 22, 2009
YannBonjour,
J’aimerais émettre une remarque concernant ce dossier : vous ne parlez de la saga des 7 vies de l’épervier de Patrick Cothias, et de ses multiples séries séries parallèles. Il s’agit pourtant d’une des oeuvres les plus connues de la BD, tout en étant l’un des premiers spin-off.
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juin 23, 2009
Bonjour Yann,
vous avez raison, on peut évoquer cette grande fresque composée de nombreuses séries comme un exemple de série BD ayant su se démultiplier. -
juin 23, 2009
Bonjour Yann,
vous avez raison, on peut évoquer cette grande fresque composée de nombreuses séries comme un exemple de série BD ayant su se démultiplier.
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