Par Viravong. Casterman/KSTR, 18 €, le 6 juin 2012.

Fruit d’un travail en résidence au Centquatre, cet album brosse un portrait social – vivant, attachant et cocasse – de ce coin « populaire » du XIXe arrondissement de Paris où se situe le centre de création. À travers le parcours de plusieurs personnages-archétypes (le vieil ouvrier africain en situation irrégulière, le dealer ambitieux et bling-bling, la vieille Asiatique fière, les éducateurs beurs, les policiers maladroits, le juif orthodoxe désespérément célibataire…), Viravong choisit l’angle de la comédie pour sa chronique urbaine, une bonne idée qui se heurte hélas à quelques obstacles.

En effet, l’auteur de Unic Team démontre à nouveau son sens du rythme et des situations burlesques, empruntant à la fois à l’humour démultiplié à outrance du manga et à la comédie de moeurs bien française, avec ses quiproquos et ses protagonistes grande gueule. Habilement découpé, son long récit (168 pages) se dévore avec plaisir, la situation des héros empirant de page en page dans une course-poursuite plutôt drôle, bien qu’assez fantaisiste. Mais il est délicat de mêler farce énergique avec photographie réaliste d’une société qui ne fonctionne pas très bien: toute la partie, violente, sur les dealers détonne trop par rapport à l’ambiance légère générale. Et la description du travail de la police est bien caricaturale… Néanmoins, on retiendra la louable et originale intention de parler de réels problèmes français avec une distance joviale et un dessin énergique qui sait aller à l’essentiel.

Au final, Viravong a su saisir la vraie vie d’un quartier, mais s’est senti obligé d’en rajouter une couche dans le registre humoristique. Au risque de décrédibiliser son propos.

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