Décès de Pierre Ouin, héraut de la BD punk
Par un communiqué d’ASUD (Autosupport des usagers de drogues), nous apprenons le décès de Pierre Ouin dans la nuit du 9 au 10 novembre.
Né en 1960, il avait fait ses armes dans le fanzine Le Krapö Baveux (les orthographes étaient variables) au côté de Benito, Max ou Imagex. Le zine publiera aussi Muñoz, Vaughn Bodé ou Liberatore – sans la moindre autorisation mais en permettant leur découverte au plus grand nombre. Résolument punk et anarchiste, le Krapö marqua l’espace fanzine d’Angoulême par ses happenings et coups de gueules.
C’est dans le Krapö que Ouin créé Bloodi, son personnage le plus célèbre, qui le suivra toute sa vie. Punk paumé, drogué à peu près à tout et partageant sa vie avec une rate aux mamelles énormes, Bloodi connaîtra de nombreuses vies. De furieux et explosif, il s’apaisera, sera parfois plus naïf que méchant, d’autre fois révolté. Dans les dernières années, Bloodi, véritable star pour de nombreux parias, s’était mis au service de la sensibilisation des usagers de drogues dures. Non pas pour faire un discours moralisateur mais pour les inciter aux bons réflexes, notamment la stérilisation des seringues.
Portraitiste des paumés, des « mauvais drogués », empreint par l’univers des squats et de la came, Ouin avait également accompagné de nombreuses équipées éditoriales. Ainsi, il était une figure marquante de la branche rock de Métal Hurlant, et de l’importante revue alternative Viper, puis de Flag, et Tête Rock Underground au début des années 1990. Il avait également publié deux albums dans la fameuse collection X de Futuropolis (aux côtés de son compère Max), participé au Lynx, revue préfigurant l’Association, au mythique Chacal Puant… Ainsi qu’au Psikopat dont il fut un pilier durant deux décennies. Ce bref inventaire n’est qu’un brassage rapide tant Ouin a participé à un grand nombre de revues, fanzines et expérimentations. Toujours avec le même allant, jusqu’à récemment encore.
Depuis plusieurs années, il lettrait ponctuellement des livres (notamment pour Çà et là), sans sortir d’albums, saut Bloodie en short… stories, qu’il avait auto-publié et illustrait d’incroyables dédicaces. On ne le voyait quasiment plus non plus dans les kiosques, si ce n’est dans la page de jeux de Picsou Magazine, qui offrait là un espace à un auteur dont le trait était devenu de plus en plus rond et doux, mais qui n’avait jamais renoncé à sa radicalité.
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