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Florence Porcel et Boulet : vers Mars et au-delà

24 avril 2017 |

MARS HORIZON - C1C4.inddPremier né de la collection Octopus, lancée par Delcourt sous l’égide de Boulet et Marion Amirganian, Mars Horizon est le fruit d’une collaboration entre l’auteure et comédienne Florence Porcel et le dessinateur Erwann Surcouf. L’ouvrage place le lecteur au cœur de la première mission d’exploration martienne, en 2080, sous la forme d’un docu-fiction.  Florence Porcel et Boulet reviennent pour BoDoï sur cette prometteuse collection et ce premier titre très réussi. 

 

Comment est née la collection Octopus et comment s’est lancé ce premier projet, Mars Horizon ?

Boulet: Guy Delcourt voulait un label pour faire de la BD de vulgarisation, mais il avait les idées très ouvertes. Je lui ai dit d’emblée que je voulais quelque chose d’ouvert et assez large. C’est un label plutôt savoir que science. Je voulais qu’à chaque fois on trouve un parti-pris narratif, qu’on sorte du schéma du prof qui montre un truc avec un tableau. Quelque chose qui se lise comme une histoire. Pour Mars Horizon, on a trouvé que l’approche docu-fiction se prêtait bien à ça. Florence ne voulait pas l’aborder de manière neutre. Si des humains allaient sur Mars, quel meilleur moyen de le décrire? 

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Florence Porcel: C’est Boulet qui est venu me chercher. On se suivait et on s’estimait depuis des années. En août 2015, il m’a envoyé un mail pour me proposer de participer à cette collection de vulgarisation scientifique. Il m’a demandé de donner mes idées. J’avais envie de traiter Mars: pour moi c’est une monomanie, ça s’est imposé. Je sortais d’une candidature à Mars One [projet visant à installer une colonie humaine sur la planète Mars – ndlr], j’étais super engagée sur ce terrain-là, alors je me suis dit, pourquoi pas en BD? Il a dit: “Imagine tu pars demain, qu’est-ce qui se passe?” Comme j’avais eu cette démarche, que j’avais réfléchi à beaucoup de choses depuis des années, j’avais prémâché le travail. Le personnage principal, c’est moi! Ensuite, il a fallu inventer une histoire, des personnages.

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Comment avez-vous appréhendé le format BD?

F.P. : J’ai flippé au début. Je n’avais jamais écrit de scénario de bande dessinée. J’ai commencé à construire les personnages, la trame. J’ai travaillé en amont sans Erwann Surcouf. Lui s’est bloqué juillet 2016 pour ne faire que ça H24. Je lui envoyait le texte au fur et à mesure, et lui faisait le story board, et je lui faisais des retours. J’ai créé la bible des personnages, commencé à rédiger, je croquais des images, des schémas. Le dessin devait être réaliste, que les lois de la physique soient respectées. Par exemple, Erwann avait dessiné des pommes, or, on ne peut pas faire pousser des pommes dans un vaisseau, mais des fraises en apesanteur c’est possible, alors Erwann les a remplacées.

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B. : La BD à des fins de vulgarisation a les mêmes avantages que ceux qu’elle a dans la fiction: elle a son propre langage, une manière différente d’aborder la réalité. La BD a sa propre temporalité,son propre rapport au réel. Par exemple, sur Mars Horizon, le dessin apporte une sensibilité que n’auraient pas des images de synthèse, et une poésie visuelle que n’aurait pas l’écrit. Seule la BD peut apporter ça.

De plus en plus de bandes dessinées se consacrent à la vulgarisation. Le Lombard a sorti l’an dernier la Petite Bédéthèque des savoirs, une collection de livres pédagogiques. Comment se positionne Octopus par rapport aux autres?

B. : Il y a des choses qui nous ont inspirés à la fois en pour et en contre. Par exemple, la Petite Bédéthèque des savoirs a un habillage très présent, ils ont une signalétique, un parti-pris très fort. Je cherchais à m’en éloigner, pour que la collection soit moins présente que les auteurs, car ce sont des albums très différents. Sur le format, on voulait un format un peu poche, et dans le même temps assez grand, d’où ce compromis sur ce format comics d’environ 100 pages ou plus, voire beaucoup plus. L’habillage est le plus discret possible.

Pourquoi Octopus?

B. : Je cherchais un animal, symbole de la connaissance. J’aimais bien l’image de la pieuvre, animal intelligent avec des tentacules dan toutes les directions. Littéralement, il marche sur la tête, c’est un céphalopode, j’aime bien cette idée. Il y a aussi le côté Jules Verne, aventure scientifique, avec le look rétro.

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Dans la BD, les personnages participent à une grande mission de l’ONU à vocation pacifique. Avez-vous choisi ce qui était le plus plausible ou le plus souhaitable?
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F.P. : Un mix des deux. Il fallait que ça colle aux réalités des lois physiques. Je ne voulais pas partir dans la science-fiction. Je voulais que ce soit des technologies qui existent, je me suis inspirée de ce qu’on a déjà. La science-fiction, ça se divise surtout surtout en deux pôles: soit c’est la guerre, soit ça reste très technique. Moi je ne voulais pas de guerre, mais qu’une mission martienne soit pacifique, le symbole d’une planète unie. Et que ce soit une aventure humaine. Le seul truc qu’on ne peut pas simuler, c’est comment les humains vont réagir. Comment un équipage de six personnes, trois hommes et trois femmes, peut tenir dans deux boîtes de conserve, sans que personne ne se tape sur la gueule.

La composition de cet équipage, à la fois amants et amis, est originale.

MARS HORIZON_int.inddF.P. : J’ai imaginé cet équipage d’amis et amants, c’est mon parti-pris. Je pense qu’il y a moins de problèmes si tout le monde couche avec tout le monde. Le plus grand danger, c’est la frustration.

Mais vous ne voulez pas employer le terme de colonisation.

F.P. : La colonisation, pour moi, c’est s’approprier une terre. Or, Mars est stérile, on ne peut pas faire pousser du gazon sur Mars. On n’y pense pas, mais on n’aura jamais de contact direct avec Mars, on ne pourra pas y marcher pieds nus ou retirer son masque pour respirer l’air martien. Comment colonise-t-on un monde avec lequel on n’aura jamais de contact? Je préfère parler d’exploration. C’est comme en Antarctique, c’est une base permanente. On n’a pas colonisé l’Antarctique, alors il n’y a pas de raisons qu’on colonise Mars. Et puis, qu’une terre soit colonisée, je ne suis pas très à l’aise avec ça. On ne sait pas encore s’il y a eu ou pas de la vie sur Mars, mais ce ne serait pas responsable éthiquement de s’approprier une planète qui a peut-être connu d’autres espèces.

Quels sont les ouvrages prévus après celui-là?

B. : Pour l’instant, il y a ces trois autres projets en préparation: La Fabrique des corps, d’Héloïse Chochois (image ci-dessous), prévu pour juin. C’est l’histoire d’un personnage qui a eu un accident et s’est fait amputer. Il hallucine et voit Ambroise Paré sortir d’un tableau. On suit sa reconstruction physique et mentale, et en parallèle la même chose pour l’humanité, de l’Antiquité jusqu’à maintenant, voire demain, avec la question du transhumanisme. Ensuite, en septembre, on aura Hors sujet, de Janine, qui parlera de la philosophie au quotidien. Son parti-pris est que la philosophie ne se périme pas et que des concepts clé d’il y a 2000 ans sont toujours adaptés aujourd’hui. Le ton est très comédie, elle aime faire des digressions. Et en novembre, ce sera Dirtybiology, la grande aventure du sexe, de Léo et Colas Grasset, dans un esprit plus Rubrique-à-Brac, avec une voix off, des gags visuels. On a d’autres projets très enthousiasmants sur lesquels on travaille. Et je ne m’interdis pas d’y participer en tant qu’auteur, éventuellement, si ça se présente.

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Propos recueillis par Sophie Gindensperger

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Mars Horizon.
Par Erwann Surcouf et Florence Porcel.
Delcourt/Octopus, 16,50 €, mars 2017.

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