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Les + du blog : VAILLANT 1/5

2 mai 2006 |

Vaillant par Hervé CultruQue fait-on quand un journal ne marche pas ? On met dedans de la BD ! La recette ne date pas d’hier. Allez hop, un peu d’histoire. En 1945, les anciens résistants du comité de la jeunesse du Front National (*) se désolent. Leur journal, Le Jeune Patriote, né en 1942 pendant l’occupation allemande, périclite. De ses cendres naîtra, le 1er juin 1945, Vaillant, arborant en Une un dessin montrant un soldat de chacun des pays vainqueurs plantant son drapeau sur les ruines de l’Allemagne nazie. L’auteur : Brantonne, qui deviendra l’illustrateur mythique des centaines de couvertures de la collection anticipation du Fleuve Noir, celles aux petites fusées rouges. Mais ceci est une autre histoire.
Hervé Cultru, dans Vaillant, la véritable histoire d’un journal mythique, raconte l’épopée du célèbre journal qui vivra jusqu’en 1969 (il se métamorphosera alors en Pif Gadget) et affichera des signatures aussi prestigieuses que Poïvet, Chéret, Tabary, Godard, Lécureux, Gotlib, Mandryka, Forest, etc.
Mais un journal, c’est d’abord des hommes, un univers, une atmosphère, une odeur, une légende qui se crée jour après jour. Nous vous invitons, tout au long de 5 épisodes à suivre, à pénétrer dans cet immeuble du 5 rue Montmartre, à Paris, qui abrita Vaillant. Et à découvrir cette alchimie bizarre qui aboutit à un journal sentant bon l’encre fraîche.
*Rien à voir avec le parti de Le Pen. Celui de 1942 était plutôt teinté de rouge.
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1 – L’hiver on pèle de froid, l’été on crève de chaleur, c’est le bonheur !
Quand, à la suite de Moreu et d’Ollivier, Roger Lécureux devient son rédacteur en chef en octobre 1957, Vaillant atteint une envergure morale (sinon financière…) inégalée dans le monde de la presse enfantine. C’est un « poids lourd », une figure bien connue des kiosquiers, un passage quasi obligé pour les artistes, auteurs et illustrateurs en mal d’embauche.
Ceux qui font le déplacement jusqu’au siège dans l’espoir de décrocher une pige, ou simplement pour dire bonjour, et qui s’attendent à trouver des lieux policés, tournés vers le silence et la réflexion, sont étonnés par l’atmosphère de ruche qui règne dans les bureaux. Ils comprennent, dès leur première visite, que, passées les affres solitaires de la création, l’intendance doit suivre, l’imagination doit être soutenue par une quantité de « petites mains », pour être transcrite et mise à disposition du plus grand nombre. Du simple ouvrier au spécialiste, tous les niveaux de compétence sont requis !
Si l’équipe restreinte des débuts s’est étoffée, la quantité de boulot a crû en proportion, voire au-delà : il a fallu sans cesse s’adapter, se rappeler au bon souvenir du public, qui a la fâcheuse manie d’aller voir du côté de la concurrence… Afin de se maintenir à flot, il a fallu augmenter le nombre de pages de l’hebdomadaire, et lancer d’autres titres, si bien que l’on ne sait plus, parfois, où donner de la tête. Heureusement, le travail est collégial, les problèmes, quand ils sont examinés à plusieurs, paraissent moins ardus, et l’ambiance est au beau fixe. Voyons un peu comment cela se présente dans le détail…

Quelques rédacteurs au travail croqués par Coelho

Commençons par faire le tour du propriétaire. Sis dans le IIe arrondissement de Paris, l’immeuble du 5, boulevard Montmartre, qui abrite la troupe depuis le début de 1946, n’est pas bien folichon; ce sont d’anciens logements immenses, qui ont été découpés pour accueillir des sociétés aux activités très diverses. Il y a même un cercle de jeu au premier étage ! Nous, il nous faut monter jusqu’au cinquième pour atteindre au but, juste au-dessus de La Maison du Café. Courage ! Dans le meilleur des cas, l’ascenseur n’est pas en panne. Quand il l’est, les paresseux ont la consolation de se muscler les cuisses. La vue, elle, ne saurait tenir lieu de récompense; d’un côté on donne sur la chaussée et sa circulation infernale, de l’autre sur une cour sans aucun charme. Cela dit, la luminosité est bonne; les locaux sont éclairés par de grandes baies vitrées, dont la taille, et les joints peu hermétiques, ne sont pas sans inconvénient. On crève de chaleur en été, et en hiver on pèle de froid, car le système de chauffage central est déficient. Les esprits optimistes remarquent que, sur l’année, la moyenne de température est correcte.

C’est toujours ça.
Franchissons le palier, la porte à double battant, et pénétrons dans le saint des saints (tant qu’on y est !). Les premières pièces sont celles de l’administration. Il y a d’abord l’antre de Maurice Coignoux et la comptabilité d’Annick Giedelman. C’est là qu’on est en droit, après avoir déposé le fruit de son labeur un peu plus loin, de venir retirer une légitime rémunération. C’est là aussi que l’on quémande des avances… Notons que la disposition est propice : une fois le chèque en poche, la proximité du seuil permet de prendre la tangente avant que le généreux donateur ne se ravise…
À côté, il y a le service commercial, qui scrute les chiffres de diffusion et gère le stock des exemplaires qui n’ont pas trouvé preneurs, le bouillon comme disent ceux qui connaissent le jargon. Albert Hubentz y officie, à la tête d’une bande d’inspecteurs qui, en province, font la tournée des points de vente. En face est installée la fabrication. Sans englober la totalité des opérations, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, l’endroit est stratégique : le chef de fabrication, Louis Geffroy (P’tit Louis pour les intimes), un ancien du Jeune Patriote, est en rapport avec les papetiers et les imprimeurs. C’est lui qui arrondit les angles quand il y a des retards de livraison, que ces derniers soient imputables aux rotatives ou, en amont, à la rédac’. Autant dire que le brave homme est perpétuellement coincé entre le marteau et l’enclume, et qu’il doit savoir faire preuve de diplomatie.
Suite : Mais où qu’il est, « l’œil de Moscou » ?
© Hervé Cultru, Vaillant collection
Autres dossiers : 2/5, 3/5, 4/5, 5/5

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