Les Ogres-Dieux #4 – Première-Née



Enfermée dans le gynécée royal dont elle n’est jamais sortie, Bragante attend la mort qui, malgré une trop longue existence, semble se refuser à elle. Celle que l’on nomme Première Née décide alors de conter la véritable histoire de sa vie à sa petite fille : comment sa naissance coûta la vie de sa mère, incapable de survivre à l’accouchement d’un bébé aussi gigantesque ; comment son terrible père, une fois remis de la mort de son épouse, asservit tant de femmes pour engendrer la première génération de géants ; comment Bragante devint leur mère de substitution et tenta de les instruire, tout en gérant le royaume en l’absence du Fondateur, guerroyant sans cesse ; comment elle devint reine et tenta, en vain, de s’opposer à la violence et la barbarie des hommes…
Après s’être éloigné de la lignée des Ogres-Dieux dans les tomes précédents (Demi-Sang et Le Grand Homme), Hubert et Gatignol reviennent aux sources en nous dévoilant l’origine, tragique, des géants. Si cet ultime album met en image l’histoire du Fondateur et de sa formidable descendance directe, levant le voile sur bon nombre d’éléments introduits dans Petit, les problématiques abordées en font bien plus qu’une simple préquelle. À travers la tragédie contée par Bragante, celle de ses luttes, de ses échecs et des conséquences pour ceux qui l’entourent, Hubert aborde des thèmes qui lui sont chers et offre, en guise de testament, une ode féministe à la culture où les livres s’opposent aux armes et ou la soif de découverte s’oppose à la guerre.
À la puissance des idées s’ajoute celle du noir et blanc de Bertrand Gatignol. Tour à tour lumineux et oppressants, les décors d’une beauté folle sont autant de prisons pour des personnages qui écrasent pourtant parfois la page (et le lecteur) de leur présence gigantesque. La couverture et certaines planches, à couper le souffle, mériteraient d’être encadrées.
Première-Née frôle ainsi la perfection. Construit comme un one-shot, l’album est non seulement un bouquet final en apothéose pour une série déjà magnifique, mais le long texte final fermant la boucle ouverte avec Petit en fait aussi une introduction idéale à la saga des Ogres-Dieux. Probablement la meilleure BD de 2020. Indispensable !
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