Moonlight Express
Berlin, 1947. Une ville en ruines, partagée entre zones d’occupation et fantômes de guerre. C’est dans ce décor d’après-chaos que Norman Bold et Jay Johnson, deux soldats américains chargés d’extraire des œuvres d’art restées en zone soviétique, voient débarquer Clarisse, jeune femme au charme obstiné et à la curiosité dangereuse. Pourquoi le sergent Johnson ne l’aime-t-il plus ? Et que vient faire cet adolescent hagard surnommé V., sorti des gravats, drogué, musicien génial et porteur d’un lourd secret ? Très vite, les ombres du passé se glissent entre eux, et le mystère s’épaissit : parmi les ruines rôdent encore les Werwölfe, derniers loups nazis refusant la reddition …
Avec Moonlight Express, Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen rejouent leur partition à deux voix, déjà magistrale dans L’Été Diabolik. Même goût du romanesque, même fascination pour les faux-semblants du cinéma noir et les structures narratives à tiroirs. Mais ici, la mécanique se teinte d’une gravité nouvelle : derrière la brume des néons et les reflets des vitres, se lit une Europe meurtrie, hantée par la culpabilité et la perte.
Dans une BD en deux temps où s’opposent le Berlin terne de l’après-guerre et le Los Angeles incandescent de la fin des années 50, Alexandre Clérisse, fidèle à son dessin rétro-futuriste, donne à ce polar noir des couleurs tantôt nocturnes pour Berlin, tantôt lumineuses pour Los Angeles. Thierry Smolderen, scénariste érudit, tant en histoire contemporaine qu’en cinéma noir hollywoodien, y injecte une certaine densité littéraire, oscillant entre mélancolie et tension romanesque. Petit plus : la BD peut se lire en écoutant une playlist jazzy concocté par les auteurs.
De l’Allemagne aux États-Unis, le duo trace la trajectoire de trois âmes emportées dans le train fou de l’après-guerre. Moonlight Express n’est pas seulement un polar élégant : c’est une BD sur la mémoire, les souvenirs qui hantent et la possibilité de rédemption.





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