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« Quai d’Orsay » au cinéma ou le triomphe de Niels Arestrup

6 novembre 2013 |

A l’origine du nouveau film de Bertrand Tavernier, l’excellent diptyque de Christophe Blain et Abel Lanzac (le pseudonyme ensuite abandonné d’Antonin Baudry, ex-conseiller du ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac).

quai_d_orsay_afficheSoit le quotidien du Quai d’Orsay, donc, sous le règne de Dominique de Villepin, vu par un jeune conseiller. Pas vraiment naïf mais gorgé d’idéaux, Arthur Vlaminck débarque dans un monde de squales. Dont il peine à déchiffrer les codes, et où ses collègues lui savonnent très volontiers la planche.

Le monarque absolu de ce petit royaume, c’est Alexandre Taillard de Worms, le ministre des Affaires étrangères, un gaillard magnétique et incompréhensible, un guignol puissant et pusillanime, obsédé par les feutres fluos qui « pluchent ». Il manie les mots de façon à la fois merveilleuse et incohérente, terrorise et fascine son équipe, fait voler les feuilles et claquer les portes sur son passage. Au jeune Arthur, il confie « ce qu’il y a de plus important : le langage » — c’est à dire la rédaction de ses discours. Une mission captivante et impossible, qui sera émaillée de violences morales et verbales, d’émerveillements et de désenchantements.

 « Ce qui m’a séduit, c’est le parfait équilibre entre d’un côté une force comique irrésistible et, de l’autre, une vérité, une grande réalité, dans les personnages, les situations et les dialogues », explique Bertrand Tavernier, qui rédigea le scénario de façon intensive avec Christophe Blain et Antonin Baudry. De leur très grande bande dessinée, le réalisateur de L.627 ou La Princesse de Montpensier tire un film honnête, ambitieux, mais pas exaltant. Qui souffre de longueurs dans son dernier tiers, peine à restituer le rythme dément et la mise en scène théâtrale des albums.

Raphaël Personnaz incarne élégamment le Candide (malin) plongé en milieu hostile, et Thierry Lhermitte ne s’en sort pas si mal dans le difficile rôle de Taillard de Worms. Mais tous deux voient leur performance avalée par celle, éclatante, de Niels Arestrup (De battre mon coeur s’est arrêté, Un prophète) — le rusé directeur de cabinet Claude Maupas. Ce dernier bouffe littéralement l’écran, faisant regretter au spectateur qu’il ne soit pas de tous les plans.

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Quai d’Orsay
Long-métrage de Bertrand Tavernier, tiré de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac (Dargaud).
Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Bruno Raffaelli, Julie Gayet, Anaïs Demoustier, Thomas Chabrol, Thierry Frémont, Alix Poisson…
Durée : 1h53.
En salles le 6 novembre 2013.

Photos © Etienne George / Pathé Films.

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Commentaires

  1. Francois Pincemi

    Vous avez raison, chère Laurence, Niels Arestrup est un excellent acteur qui incarne le Maupas de Blain de façon étonnante … alors que Thierry (et non Bernard arf arf!°) Lhermitte peine à dégager le même magnétisme puissant de taillard de Worms dessiné par Blain, inspiré comme on le sait de Monsieur de Villepin. Moralité: il y a plus de force dans le dessin que dans le cinéma, cela en dépit des colossales différences de budget d’un moyen d’expression à l’autre. Pour faire une BD, du talent et une idée, des feuilles à papier, un crayon et une gomme, un feutre ou une plume. Pour un producteur de cinéma ou un réalisateur aussi doué que Monsieur Tavernier, il faut plusieurs millions d’euros pour en faire une libre adaptation.

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