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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | April 28, 2024















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Beaux livres pour Noël (5)

19 décembre 2016 |

Dernière étape et copieuse étape dans nos listes de cadeaux de Noël potentiels (retrouvez toutes nos sélections ici). Avec du beau, du très beau.

serge-clerc-science-fictionScience-Fiction – Intégrale

Il fut surnommé le « dessinateur espion » (le titre de sa première BD, publiée en 1978). Recruté par Jean-Pierre Dionnet à Métal Hurlant alors qu’il n’avait pas 20 ans, Serge Clerc a marqué la science-fiction dessinée. L’auteur de Captain Futur avec Philippe Manoeuvre ou Sam Bronx et les robots se voit consacrer une belle compilation de ses travaux par Dupuis, après les volumes consacrés à son héros Phil Perfect et à son travail sur le rock. Au programme, des « héroïnes, des pin-up de l’espace, du frisson », de la « névrose sur papier » en somme. Dans une longue et passionnante introduction, Stan Barets (spécialiste de science-fiction, ancien collaborateur de Métal Hurlant) détaille ces années charnières, avant que l’auteur s’intéresse davantage au rock, au punk ou au polar : « C’est le moment où le jeune artiste regarde tout, absorbe tout. Le moment crucial où il fait ses gammes, abandonnant progressivement le Rotring pour la plume, puis le pinceau. » Profondément marqué par le style d’Yves Chaland, Serge Clerc va ensuite aller vers davantage d’épure. « Pour moi, la Ligne Claire est la simplification de la ligne, la pureté, l’essence, précise-t-il. Et puis, peu à peu, en revendiquant l’influence de Jijé, le fouetté du trait « atomique », j’y ai incorporé d’autres éléments, des compositions déstructurées, expressionnistes, Art-Déco, Bauhaus, des univers années 40, des pin-up et du rock new-wave… et toujours l’obsession du « beau pli d’pantalon ». Tout ceci bien secoué dans le shaker de l’ironie et du second degré… » Ce bel ouvrage raconte un morceau de carrière, une évolution vers un certain minimalisme, une géométrie, via « une explosion graphique magistrale » selon Moebius.

Dupuis, 384 pages, 45€.

de_crecy-monde_flottantUn monde flottant

L’invitation au voyage est étrange, puissante, poétique. Ce « monde flottant », c’est celui des yôkai, ces « émanations vivantes de la nature », qui oscillent entre monstres, divinités et esprits, sont tantôt drôles et sympathiques, tantôt cruels et effrayants, parfois simplement bizarres. À ces créatures issues « de la culture orale du Japon rurale, à cette époque où seule la religion animiste Shinto était pratiquée sur l’archipel », Nicolas de Crécy consacre un recueil de dessins. Connaisseur du Japon (il y a effectué plusieurs voyages et résidences, a même publié des Carnets de Kyoto, où l’on trouvait certains des dessins publiés dans ce livre), l’auteur de La République du catch accompagne ses oeuvres d’haïkus, ces brefs poèmes qui magnifient le quotidien. Fascinantes, les scènes qu’il crée pour ce leporello permettent de joliment approcher de « cet esprit si particulier de la culture japonaise, de cet imaginaire sans limites allié à une poésie crue et douce qui en fait l’essence ».

Soleil/Noctambule, 62 pages, 18,95€.

tropikal_mamboTropikal Mambo

Le dernier livre du regretté Carlos Nine est sorti chez Les Rêveurs cette année. Un immense format pour une oeuvre multiforme, à l’image de la carrière de l’auteur, audacieuse et surprenante. On retrouve dans cette histoire de détective du Panama le goût de l’auteur argentin pour les polars poisseux et les voix off désabusées, ainsi que son art de tordre le dessin animalier bien loin des formes lisses disneyennes. Crayon, aquarelle, mais aussi sculpture animent le récit, qui brise le carcan du simple scénario en confrontant le héros à son propre créateur. Qui laissera à jamais une empreinte unique dans le monde de la bande dessinée.

Les Rêveurs, 144 pages, 28 €.

sempe-a-new-york_couvSempé à New York

Denoël réédite une compilation augmentée des travaux de Sempé sur New York, où il se rend régulièrement, et pour The New Yorkermagazine qui l’avait ébloui à l’âge de 17 ans, et où il se sent comme « un fils illégitime, mais très gentiment accueilli ». Réalisés entre 1978 et 2015, ses dessins racontent l’architecture de la ville, l’immensité de ses buildings, la densité de ses foules. Surtout, ils dépeignent des ambiances, des moments d’humour, d’ironie légère, d’émotion, ou simplement le quotidien des New-yorkais. Toujours, ils balancent entre grâce, poésie et drôlerie, magnifiés par un trait d’une rare élégance, aux couleurs délicates. Un concentré d’humanité.

Denoël / Martine Gossieaux, 320 pages, 27€.

Le Petit Livre Black Music

Après Le Petit Livre Rock, Le Petit Livre des Beatles, Le Petit Livre de la Ve République et Le Petit Livre de la bande dessinée (avec Terreur Graphique), Hervé Bourhis frappe encore. Cette fois, l’auteur du Teckel s’est allié au dessinateur Brüno pour concocter un Petit Livre Black Music. Le duo a choisi d’ignorer le jazz (« un sujet monumental qui mériterait son propre livre ») et de se concentrer sur les musiques noires « issues des États-Unis d’Amérique, de 1945 à 2015, du blues à Beyoncé ». petit-livre-black-musicPour dessiner, en creux, « le récit de l’émancipation lente et toujours inachevée d’un peuple, de la ségrégation à Obama », précisent les auteurs en avant-propos. Cette mini encyclopédie entre donc dans le vif du sujet par l’année 1619 (quand les premiers esclaves noirs débarquent sur le sol américain et chantent les premières work songs) et galope en quelques pages jusqu’en 1945. À partir de là, chaque année se voit consacrer une double, voire une triple page, qui s’ouvre sur une pochette de disque revisitée par un trait clair et élégant. Le lecteur y glane une foultitude d’informations : des dates de sortie de disques marquants, des étapes dans la carrière de futures stars, des anecdotes en pagaille. On apprend qu’en 1949, « Isaac Hayes, 5 ans, orphelin, sait déjà jouer du piano et du saxophone », tandis que « Ray Charles, 19 ans, rencontre Quincy Jones et commence à enregistrer ». Le ton est souvent factuel, parfois ironique ou critique — le clip de Roof Garden par Al Jarreau, en 1983, est « un grand moment de gêne » ; en 1991, « ne dites pas à Lenny Kravitz qu’on n’est plus en 1969 et qu’il n’est ni Lennon, ni Curtis Mayfield ». Piquant et érudit, ce Petit Livre Black Music stimule la curiosité, et donne l’irrépressible envie de fouiller les piles de disques de ses étagères.

Dargaud, 176 pages, 22,50€.

mutts_couvMutts

Les Rêveurs, encore eux, ont décidé de se pencher sur Mutts, les strips que l’Américain Patrick McDonnell dessine quotidiennement depuis 1994 (allez jeter un oeil sur son site). La série a déjà été publiée en France par Les Humanos, sous le titre Earl & Mooch. Effectivement, Earl le chien et Mooch le chat sont les héros de ces strips, à l’humour piquant et à l’univers poétique. Entre les Peanuts et Calvin & Hobbes, dessiné d’un trait vif et expressif qui n’est pas évoquer celui de Herriman dans Krazy Kat, Mutts possède un charme fou, qui faisait dire au créateur de Snoopy que c’était là un des meilleurs comic strips de tous les temps. Ce ne sera pas contredit par ce premier tome (trois sont prévus) qui reprend les strips du dimanche en couleurs, qui s’ouvrent par une case-titre où McDonnell rend hommage à des oeuvres littéraires, plastiques, musicales ou cinématographiques. La classe.

Les Rêveurs, 132 pages, 15 €.

satanie_couvSatanie

En 2011 paraissait le premier tome de Voyage en Satanie, de Fabien Vehlmann et Kerascoët, chez Dargaud. Et puis… plus rien. Prévue en deux tomes, l’histoire resta amputée de sa moitié jusqu’à cet automne : dans la collection Métamorphose, Soleil la publie dans son intégralité, sous le titre Satanie. Revoilà donc Charlie, gamine rouquine moquée par ses camarades. Persuadé que l’Enfer existe, son frère a disparu sous terre. Avec une équipe improbable, la jeune fille s’enfonce dans les entrailles de notre planète à sa recherche… Auteurs ensemble de l’excellent Jolies ténèbres, le scénariste Fabien Vehlmann et le duo dessinateur Kerascoët laissent ici libre cours à une fantaisie trouble et débridée. Mignon, joliment coloré, le graphisme porte un monde sauvage, violent, qui se dérobe constamment sous les pieds des personnages. Comme les héros — dont le nombre diminue sérieusement au fil des pages… —, le lecteur est surpris, bousculé. Épique, le récit s’achève sur une époustouflante séquence psychédélique, qui ose toutes les outrances.

Soleil/Métamorphose, 125 pages, 22,95€.

caricaturesque_couvCaricaturesque

L’historien des médias Bertrand Tillier est un spécialiste de la caricature. Il a déjà publié plusieurs ouvrages sur le sujet, et a sorti cet automne un beau livre joliment intitulé Caricaturesque. Le sous-titre est plus explicite : « la caricature en France, toute une histoire… de 1789 à nos jours ». Rythmé en chapitres thématiques et chronologiques, l’ouvrage souple comme un gros journal balaie les grandes heures de la satire, des anonymes dessinateurs révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle à Charlie Hebdo, en passant par Les Guignols de l’info, Le Rire, Hara-Kiri ou L’Assiette au beurre. Les textes sont concis, documentés, des bibliographies et annexes permettent d’aller plus loin. Mais c’est surtout le florilège des dessins qui fait mouche, rappelant au lecteur les grandes unes de journaux qui choquèrent en leur temps. Un joli bouquin, dynamique et drôle. Pas mal pour un livre d’histoire, non ?

La Martinière, 192 pages, 35 €.

Sélection réalisée par Laurence Le Saux et Benjamin Roure

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