Elsie A.
Mexique, début du XXe siècle. Une Européenne débarque dans un petit village perdu, à la recherche de son mari, archéologue disparu depuis plusieurs semaines lors d’une campagne de fouilles dans la forêt. Accueillie avec méfiance par la population autochtone, avec obséquiosité par le curé, et concupiscence par le capitaine, Elsie va fuir dans la forêt avec un guide qui souhaite ramener une petite fille malade dans sa communauté au plus profond de la jungle. Mais que cache-t-elle, dans sa quête mystérieuse et ses rêves enfiévrés?
Écrite par Roxanne Moreil et Cyril Pedrosa, qui avaient concocté ensemble L’Âge d’or, cette histoire oscille intelligemment entre aventure exotique et exploration introspective, où les différentes séquences ressemblent à des scènes de théâtre aux envolées émotives appuyées ou à des songes envoûtants et dangereux. À mesure qu’Elsie s’enfonce dans la forêt, la frontière entre rêve et réalité s’estompe, et le lecteur pénètre alors dans les traumas de l’héroïne qui, sans spoiler, auront à voir avec le patriarcat et la violence masculine. Avec ses encres colorées, dont un orange lumineux du plus bel effet, Karine Bernadou (Azolla, Canopée…) dose à merveille le mystère et le sensuel, le sourd effroi et la magie primitive. Sa ligne tout en légèreté et en mouvement, ses visages d’une expressivité désarmante et son jeu délicat sur les transparences, font merveille. Et emportent aisément le lecteur dans ce beau voyage, dont le principal reproche sera sa rapidité : vite avalé, Elsie A. pourra frustrer, mais une seconde lecture permettra de prendre le temps d’en admirer la maîtrise graphique.






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