Katya La Guerre. Partout. Toujours.
Première bande dessinée du Liégeois Antoine Schiffers, Katya nous entraîne dans une quête déchirante. Katerina, jusqu’alors exilée en Allemagne, revient en Tchétchénie dix ans après avoir fui la guerre sans Katya, sa fille restée sur place. Sa destination ? Grozny, ville totalement ravagée par les bombes. À ses côtés, Malik, un jeune garçon qui n’a plus rien à perdre, se fait guide dans ce pays en ruines.
L’album fait preuve d’une ambition visuelle et narrative saillante. Son récit ne parle pas seulement de conflits, mais d’une humanité brisée, de mères invisibilisées, de douleur généralisée, de ces situations que les civils subissent, devenant spectateurs et victimes malgré eux… Et plus globalement, il est question de l’absurdité de la guerre.
Le trait de Schiffers est à la fois sobre et puissant : des lignes cabossées, des hachures énergiques, des atmosphères colorées inattendues. Du rouge, du rose, du bleu, du gris : une palette de couleurs resserrée qui pèse autant que l’inhumanité des conflits armés qui ont ravagé les terres traversées.
Le tempo lancinant est marqué par des silences et une puissance visuelle évocatrice. Katerina avance dans les décombres autant que dans ses émotions. On ne sait pas ce qu’il est advenu de Katya – c’est tout l’enjeu et l’intelligence du récit. La guerre n’est ni sensationnalisme ni effet dramatique : elle est vécue, traversée, ressentie jusque devant les pages.
Antoine Schiffers impose son style et sa sensibilité dans cette première œuvre qui promet, et émeut avec justesse. Son Katya La Guerre. Partout. Toujours. est un voyage âpre, une sorte de fable moderne sous fond de conflit insensé. Une histoire qu’on referme le cœur noué, et à laquelle on repense longtemps.






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