Isia est proche de désespérer. Peu douée en magie, elle est souvent mise à l’écart de son groupe de copines apprenties sorcières et tente tout – même les vilains coups – pour se faire apprécier. Côté famille, ce n’est guère mieux, avec des parents aimants mais peu encourageant vis-à-vis des faibles capacités de leur fille. Pourtant, elle veut montrer qu’elle peut réussir et remporter le grand concours, dont les lauréats sont envoyés pour toujours sur l’île céleste afin de protéger le royaume contre les forces maléfiques. Avec la nouvelle voisine Sora, Isia va se préparer au mieux. Mais sans avoir conscience de ce vers quoi elle se dirige…

En mixant un récit d’apprentissage, de la sorcellerie, un grand tournoi doublé d’un grand sacrifice, avec une bonne petite dose de références pop culture, Anaïs Halard (Sacha et Tomcrouz) et Sole Otero (Naphtaline, Walicho) font bien mieux que simplement fusionner Harry Potter et Hunger Games. Dans un univers étrange, aux couleurs bizarres à dominante rose, fuschia et bleu cyan, leurs personnages d’Isia – l’ado mal dans sa peau – et Sora – mystérieuse et douée – sont convaincants. Les autre protagonistes comportent aussi leur part de malaise ou de curiosité graphique (grands yeux tristes, silhouettes déformées, postures inquiètes), ce qui ajoute au trouble ambiant. Surtout, la mise en scène est dynamique, jouant intelligemment sur l’espace de la double-page, induisant un rythme soutenu à l’intrigue. Une histoire qui comporte encore bien des mystères et des dangers… Une singulière réussite qui se distingue par son originalité et son parti-pris, dans un rayon jeunesse souvent trop calibré.