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Sélection Comics – The Wicked + The Divine

21 novembre 2016 |

the-wicked-the-divine_image4La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur The Wicked + The Divine, phénomène d’édition aux États-Unis qui débarque en rock star en France. Mystère et glamour sont au programme de cette histoire de divinités réincarnées dans l’Angleterre d’aujourd’hui.

Cela faisait un moment que l’on attendait une sortie française de The Wicked + The Divine (« WicDiv » pour les intimes). La série a commencé de paraître en 2014 aux États-Unis et au Royaume-Uni, ses deux patries d’origine – en effet, la série est publiée chez l’Américain Image comics, mais ses deux auteurs sont Britanniques. Elle a depuis raflé tout un tas de récompenses, se vend très bien et la hype n’a cessé d’enfler. Le public hexagonal piaffait d’autant plus que le lectorat ciblé est plutôt jeune et les vingtenaires d’aujourd’hui, c’est bien connu, n’ont plus de patience et pas de temps à perdre. La faute à Internet, tout ça… On caricature, mais c’est parce que cette éternelle insatisfaction de la jeunesse est justement au cœur du propos de WicDiv.

the-wicked-the-divine_image2

the-wicked-the-divine_image3 Dans l’univers de The Wicked + The Divine, deux ans représente l’exact laps de temps qu’il reste à vivre à une poignée de jeunes élus, choisis on ne sait pas bien comment ni pourquoi, pour être les réincarnations de divinités issues de toutes cultures (l’égyptienne Sakhmet, la japonaise Amaterasu ou le grec Dionysos), et récompensés en contrepartie par des pouvoirs surhumains. Tous les 90 ans, ce marché faustien est proposé à douze quidams et la dernière révélation du « Panthéon » vient d’avoir lieu en Angleterre quand commence la série. Figures publiques, ces êtres supérieurs chaperonnés par la mystérieuse et très ridée Ananke sont adulés comme des rock stars. De quoi faire tourner la tête aux plus fragiles et, d’ailleurs, la réincarnation de Lucifer se retrouve accusée de meurtre.

WicDiv entretient un rapport assez distendu avec sa condition de thriller. Kieron Gillen et Jamie McKelvie envisagent plutôt la série comme une odyssée baroque (et donc un peu bordélique) rythmée par les rencontres entre la narratrice, une groupie du Panthéon nommée Laura, et chacune de ses idoles. La narration relève presque plus du mixage d’un concept album de prog-rock que de la bande dessinée. Le récit s’articule en séquences courtes comme autant de plages musicales entrecoupées de nombreux cartons très graphiques.

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Dans le character design, McKelvie s’est clairement inspiré de figures connues de la pop culture. Ses divinités partagent des ressemblances physiques avec Rihanna, Kanye West, Prince, Florence + The Machine, un membre casqué de Daft Punk ou encore David Bowie dans le cas de la peroxydée Luci/Lucifer. Et Gillen met à disposition sur Spotify une riche playlist de morceaux à écouter pendant la lecture. Malin.

Réflexion parfaitement contemporaine sur le commerce de la célébrité, The Wicked+The Divine est en soi une belle machine taillée pour conquérir les masses avec la même facilité que l’enchanteresse Amaterasu, capable dans la BD de plonger dans une transe surnaturelle ceux qui assistent à ses concerts.

the-wicked-the-divine_couv Mais WicDiv n’est pas que ça. Gillen y questionne également le rapport au monde des membres du Panthéon, fatalement influencés par leur très temporaire immortalité, qui fait écho à l’improbable mélange de sentiment d’invincibilité et de morbidité qui va avec l’adolescence. Capables de faire exploser un crâne d’un simple claquement de doigts, les divinités de la série demeurent de jeunes Britanniques typiques, porteurs des angoisses mais aussi des aspirations de leur génération.

Si The Wicked + The Divine sait parler des jeunes et aux jeunes, c’est aussi parce que qu’elle sait les écouter. Son retentissement auprès d’un lectorat lycéen et étudiant, WicDiv le doit largement, dans sa manière de traiter ses personnages, à cette absence totale de préjugés – que ce soit de classe, de couleur de peau ou de genre – qui n’appartient qu’aux 15-25 ans d’aujourd’hui, cette génération dite Z enfin dignement représentée au rayon BD.

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The Wicked + The Divine #1.
Par Jamie McKelvie et Kieron Gillen.
Glénat Comics, 17,50 €, le 26 octobre 2016.

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