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Bezimena

24 septembre 2018 |
SERIE
Bezimena
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
29 €
DATE DE SORTIE
24/08/2018
EAN
2369120479
Achat :

Né par hasard dans une famille de tanneurs, Benny, enfant du miracle, manifeste dès le plus jeune âge une attitude bizarre. À l’école, en plein cours, il regarde la jolie Becky, la main toujours fourrée dans son pantalon. Et partout où il va, le même comportement obsessionnel. Rejeté, il décide de se retirer pour mener une vie de secrets et de silence. Des années plus tard, alors qu’il travaille comme concierge dans un zoo, la vue de deux femmes le foudroie. Oui, il reconnaît bien l’une d’elles, il s’agit de « white Becky »! Le début d’une errance tortueuse….

Bezimena142Avec Bezimena, Nina Bunjevac (Fatherland, Heartless) nous tend le miroir d’une humanité en proie au mal, à travers le regard de Benny, victime d’un désir foudroyant et mu par une âme torturée. Il observe sa proie d’un regard clinique, la viole et consigne ce qui finalement lui échappe, jusqu’à la fin. Le lecteur, lui, est Benny, tout en étant spectateur, voyeur et témoin. D’où un certain malaise au fil des pages, né du mystère qui entoure les intentions du « chasseur » et de l’érotisme latent. Sans juger et sans réelle empathie pour les personnages, Nina Bunjevac fait de son récit une adaptation moderne du mythe de Diane et Actéon sans jamais sacrifier le souffle de la tragédie. Et interroge le statut du violeur et de l’image.

Car c’est bien là que l’auteure excelle. Son trait virtuose est magnifié par le format choisi (page de gauche, le texte bref, page de droite, un grand dessin), drapé dans l’élégance toute noire d’un malaise diffus mais neutralisé par un regard original et poétique. Le graphisme photographique et hyperréaliste est ainsi d’une rare beauté: de l’encre bien noire, un expressionnisme saisissant né d’une masse de points et de hachures qui donnent envie au lecteur de s’attarder sur chaque détail. Un résultat même troublant car échappant à toute tentative esthétisante ou simplement illustrative. Les cadrages et les points de vue (derrière Benny, de côté ou de face), mais aussi le recours au symbolisme donnent libre cours à une imagerie onaniste, coincée entre le fantasme et la névrose.

Les ellipses, les ombres, les séquences sans mot et les références visuelles au mythe, elles, suggèrent plus qu’elles n’expliquent et il est presque dommage de finir l’album sur les réflexions de l’auteure, pas inintéressantes mais cassant un peu le trouble suscité. Un détail pour ce « conte noir » réflexif et contemplatif, à la beauté crépusculaire. Puissant.

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