Bloody Mary



Exigeant, l’inspecteur de police Sam Schneider croit à l’ordre. Ses yeux acier percent ceux qu’il interroge, sans complaisance. Sa femme France souffre d’un déséquilibre, oscillant entre la candeur de l’épouse qui veut un bébé et le soufre de Maggy-pute, le surnom qu’elle se donne quand elle allume le laveur de carreaux noir, qu’elle pousse à se décolorer en blond.
Pendant ce temps, Jean-Yves Grandvallet écume Sarcellopolis, énervé, des grenades plein les poches. Des explosions et un bain de sang se préparent. Mais le plus meurtrier ne sera pas forcément qui l’on croit…
Couronné peu de temps après sa sortie (éd. Glénat), en 1984, du prix de l’association des critiques de bande dessinée (ACBD), Bloody Mary est un ovni, un livre punk, marqué au fer rouge des eighties. Une adaptation par Jean Teulé du roman de Jean Vautrin — à la demande de ce dernier —, uppercut à la société moderne, critique du néant de l’époque, qui gratte avec acidité le lustre de l’armée et de la police. Et que les éditions Flblb sont bien avisées de republier.
Il faut se faire à une esthétique de roman-photo un peu outrée (Teulé photographie ses proches, dont il copie les traits), à ces couleurs qui claquent. Il faut glisser sur le vocabulaire lui aussi appuyé, volontairement choquant — les mots « nègre », « négro » sont utilisés à tout va. Alors on se laisse emporter par l’énergie acérée, les coeurs lacérés, les folies révélées. Et l’on trouve à l’album un charme daté, mais encore bien présent.
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