Ça c’est mon Jean-Pion
David est un gars qui fait de la BD et joue du (punk-)rock. Or, il sait depuis bien longtemps que ça rapporte pas bésef même s’il y consacre ses journées. Heureusement voilà le RSA. Car ce ne sont pas les droits d’auteur touchés en mars – au bas mot entre 1500 et 2000 euros… par an! – qui vont mettre des pâtes dans l’assiette. Bref, l’idéal serait un petit mi-temps bien payé où tu branles rien. Pion de collège ! Voilà la solution ! Après une année de « pionicat », il sera désormais Jean-Pion. Mais toujours fauché.
David Snug est un intello d’extrême-gauche, écrit-il sur le ton de la dérision en préambule de ce récit autobiographique. Il ne croit pas si bien dire. Le voilà pion de collège, au bas de l’échelle donc, mimant un nazi forcément sans pitié, flottant entre chantage et autoritarisme. Des surveillants aux profs, des élèves au personnel de l’établissement, David Snug brosse le portrait cruel d’une éducation sans horizon avec des acteurs largués. Les collégiens sont débiles, l’adjoint a pour rôle de porter une cravate et le prof de musique est un nazi (un vrai, hein !). Reste le prof d’EPS bedonnant avec son double menton, bien relou mais dont les élèves adorent le cours. Foot, foot, foot…
Une chose est sûre, Jean-Pion n’aime pas la jeunesse, il vient de s’en rendre compte. Ni les politiques, à l’endroit desquels il lance quelques scuds, Raffarin et Ferry en tête. C’est drôle de bout en bout, à l’image de Retour au collège de Riad Sattouf, et surtout tout aussi subtil voire davantage. Car, derrière l’humour et une sociologie redoutable de clarté, perce un propos malin, réflexion sur le travail et la nécessité de gagner sa vie. Quand la société et le monde du travail vous rejettent, l’auteur, amer et lucide, clame haut et fort son droit à la paresse : « Et quitte à être au bas de l’échelle sociale… autant faire les choses bien et ne pas travailler.« Outre l’argumentation imparable, Ça c’est mon Jean-Pion est finalement tellement bien écrit qu’on en oublie le dessin, un trait fin efficace pour brosser des trognes de buses et capter le détail qui tue. Les huit dernières pages, sur cette question du dessin, sont à ce titre absolument hilarantes. On vous laisse découvrir.
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