Irmina



Irmina, jeune Allemande éprise de voyages, se rend à Londres, entame une formation de secrétaire et y rencontre un étudiant noir d’Oxford, Howard. Elle en tombe amoureuse. Mais ses ressources faméliques l’obligent à rentrer au pays. C’est en avril 1935, et le nazisme poursuit sa montée en puissance…
Irmina soulève un sujet intéressant : quid de la vie quotidienne des Allemands sous le régime nazi ? On suit ainsi le destin tortueux d’une jeune femme d’abord enjouée et ambitieuse, peu à peu contrariée dans ses rêves d’indépendance, d’un amour impossible en Angleterre au mariage sans passion avec un SS, promue malgré elle soutien d’un Reich totalitaire. Dès lors, comment une personne ordinaire peut-elle basculer du côté du national-socialisme ? C’est tout l’enjeu de cette BD qui pose des questions de fond : le national-socialisme ne fut-il qu’une illusion, un « simple concept de propagande » ou la promesse entretenue d’une ascension sociale ? Irmina adhère alors insidieusement sans s’impliquer car elle y perçoit des avantages matériels possibles, pour ensuite épouser une « dictature de complaisance et d’adhésion » (Götz Aly) : libre-arbitre ou suivisme, complicité passive, indifférence à l’égard des juifs ou approbation silencieuse de leur sort, le livre multiplie les questions suspendues et la trajectoire d’Irmina, ambivalente comme un miroir de compromis dictés par les soubresauts de l’Histoire, intéresse de bout en bout.
Mais d’un strict point de vue séquentiel, Irmina pèche par ses longueurs, là où l’ellipse aurait raffermi le propos, par trop dilué dans les 300 pages du livre. C’est encore plus dommage quand on voit le dessin, sorte de superbe et envoûtant crayonné, immergeant dans l’atmosphère trouble et oppressante de la période. Pour apprécier à sa juste valeur la BD, le mieux est donc encore de lire l’éclairante postface d’Alexander Korb comme une invitation à la réflexion. Irmina mérite en tout cas bien plus que le simple coup d’œil.
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