Jojolion #1



Suite au drame du 11 mars 2011, la ville de Morio a été dévastée. Comme une réaction épidermique de la part des terres côtières, d’étranges édifices appelés « murs aux yeux » émergent brusquement. Près de ces murs, l’étudiante Yasuho découvre un jeune homme nu, portant une marque en forme d’étoile, des traces de morsure et un chapeau de marin. Amnésique, il dispose néanmoins d’un étrange pouvoir…
Culte dans son pays d’origine, la saga JoJo’s Bizarre Adventure ne bénéficie pas de la même aura sous nos latitudes. Pour autant, chaque partie est désormais disponible en français et Jojolion est la huitième d’entre elles, en cours au Japon. Si chaque saison peut se lire indépendamment, celle-ci se déroule dans une version parallèle – sans entrer dans les détails, JoJo a été rebooté à la fin de Stone Ocean – de la ville de Diamond is Unbreakable, la quatrième partie, sans doute encore le shônen le plus inventif et le plus jouissif jamais créé. Ce thriller fou avait l’unité de lieu pour particularité : attachante, la ville de Morio était un personnage à part entière, théâtre d’un jeu du chat et de la souris entre Josuke et le tueur en série Kira.
Tout le sel de JoJo vient de ses situations surprenantes, nées des pouvoirs insolites des personnages. Diamond is Unbreakable formait la quintessence de ce principe et Jojolion emprunte la même direction. Ici, le héros, grâce à une bulle qu’il peut contrôler à distance, peut « retirer » une caractéristique à n’importe quelle chose vivante ou non vivante. Par exemple, il peut retirer tout bruit à un mur afin de le casser discrètement. Ce sera sa seule arme dans un premier tome qui crée rapidement le suspense. À la recherche de son identité, le garçon se retrouve coincé dans l’appartement d’un maniaque (pas inconnu des fans) et doit tout faire pour échapper à ses pièges…
Dans un cocktail exquis de corps aux allures de statues baroques, d’extravagance pop et de postures à la Egon Schiele, Araki déploie un huis clos palpitant, intelligent et à la lisibilité parfaite malgré sa complexité. De plus, en ancrant son récit dans l’après-Fukushima, l’auteur apporte une dimension cathartique encore jamais vue dans ses planches. L’imagerie navale, les costumes de marin et autres références à l’eau n’ont rien d’innocent et créent une charge émotionnelle palpable… Pour tout cela et parce qu’il forme une porte d’entrée idéale à la saga, Jojolion est déjà l’indispensable nouveau chapitre d’un chef-d’œuvre de la bande dessinée mondiale.
JOJO’S BIZARRE ADVENTURE © 1986 by Hirohiko Araki / SHUEISHA Inc.
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