Image Image Image Image Image Image Image Image Image Image

BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | April 19, 2024















Retour en haut de page

Haut de page

No Comments

Les + du Blog : « CAREME » 3/3

23 novembre 2006 |

Carême, le chien Ferdinand et la dame en blanc. Cliquez pour ouvrir le bal.

Ne ratez pas l’ami Carême

Imaginez un monde légèrement parallèle au nôtre. Les tours de verre n’ont jamais remplacé les immeubles de pierre de tailles, devenus d’une élégance et d’une envolée qui défient la gravité. Des voitures un rien rococo ou aérodynamiques sillonnent routes et rues. Dans le ciel passent des dirigeables. L’Europe, capitale Lanimeurbourg, vit sous le règne de l’empereur Philippe X.
Bien loin de la cour impériale vivote Martinien au vague air d’Harry Potter (non, ne fuyez pas, Carême n’est pas un énième clone de l’apprenti magicien). Médiocre étudiant, Martinien n’a pu décrocher qu’un modeste diplôme de vendeur itinérant d’aspirateurs. Ce qui impose de fréquenter souvent des hôtels minables. Et fréquenter les hôtels minables de province lorsqu’on est allergique aux épinards est un cauchemar quotidien. C’est pourtant dans un de ces lieux que Martinien se retrouve à partager la table de Carême. Un bestiau qui à vue de nez dépasse les 250 kilos. Pour les rares qui ne le fuient pas, ce restaurateur de tableaux d’église se révèle aimable, sensible, intelligent. Mais condamné à court terme. On ne demande pas impunément à son cœur un tel boulot de forçat.

Carmen et l’auteur adulé de Poupée de sang. le plus fin des deux n’est pas celui que l’on croit.

Voici donc les deux amis sur les routes de l’empire avec leurs aspirateurs. Pris dans l’incendie d’un tunnel géant (ça ne vous rappelle rien ?), Martinien se retrouve à la tête d’une petite fortune payée par les assurances. Après une fiesta sympa et la rencontre d’un auteur « d’illustrés » qui fait un malheur avec les aventures de Poupée de sang, il ne restera plus à Martinien qu’à épouser une jolie héritière pour réaliser son rêve : créer une maison d’édition.
Elle n’est pas belle la vie ? Oui, jusqu’à la fin du tome 2 et encore si on glisse sur l’apparition d’une femme blanche toujours de sinistre présage. Les lecteurs amoureux des happy end peuvent s’en tenir là. Les autres vont découvrir que Christophe Bec a voulu mettre beaucoup d’autres choses dans son récit. Dès le pied posé sur le quai de la nouvelle York, les deux amis découvrent une architecture aérienne et démente. Avec ses riches, le monde du haut, et ses pauvres, le monde du bas (ça ne vous rappelle rien ?). Ils fuiront sous les pierres tombant du ciel après l’écrasement sur la ville d’un dirigeable détourné par les anarchistes. Anarchistes que Martinien -jusqu’alors bien loin de ces choses-là -va de mieux en mieux comprendre. Il découvrira également que l’amour est une chose bien fragile, et que « derrière un grand artiste, ne se cache pas toujours un grand homme. » Quant à Carême, se laissera-t-il grignoter par ses peurs ? Aura-t-il le courage d’attendre que son cœur épuisé déclare forfait ou préférera-t-il échapper autrement au spectacle de la haine des hommes et à la vision de la femme en blanc ?
Voilà un triptyque qui réchauffe le cœur et qu’on espère très fort voir surnager longtemps, contrairement aux innombrables nouvelles œuvres qui, sitôt sorties, coulent à pic dans les abysses des BD perdues. Bien sûr, l’élégance, le délié du trait de Paolo Mottura lui vient d’années de travail chez Disney (il fut Mickey d’or en 1997), mais son dessin, magnifique tant au niveau des personnages (faire si bien comprendre et aimé une montagne comme Carême n’a pas dû être de la tarte) que des décors. L’architecture est éblouissante et le découpage des scènes catastrophe ajoute le mouvement à la vie (le tome 2 fut prix Albert Uderzo jeune talent 2005).
Christophe Bec (Zéro absolu, Sanctuaire), annonçait dans BoDoï 99 (et précisait son programme dans le courrier du 100) préférer désormais se consacrer davantage au scénario qu’au dessin. S’il nous concocte d’autres bijoux de la veine de ce triptyque, la BD aura gagné un grand raconteur d’histoires et on oubliera vite son tome 1 du Temps des loups ! *
Seul regret, que la couverture du 3 joue la veine Lovecraft. C’est peut-être meilleur pour les ventes, mais elle choque avec les deux premières et risque d’attirer un public qui ne sera pas forcément celui de Carême.

* http://www.bodoi.info/les-du-blog-franco-belge-et-manga
JPF
Carême #3 : Léviathan par Paolo Mottura et Christophe Bec, Les Humanoïdes Associés, 12,90 euros.

Publiez un commentaire